AU COURS des 20 dernières années, l’approche thérapeutique de l’insuffisance cardiaque a considérablement évolué. Les progrès spectaculaires se sont accompagnés d’une réduction de la durée des séjours hospitaliers. Elle a pu être associée à une diminution du risque d’affection iatrogène. Inversement, il est également possible que ces hospitalisations plus brèves soient source d’effets indésirables survenant précocement, peu après la sortie. C’est pourquoi il fallait préciser si l’abrégement des durées d’hospitalisation s’accompagnait d’une amélioration du pronostic.
H. Bueno et coll. (Madrid, Espagne) ont cherché les liens éventuels entre la durée du séjour hospitalier des insuffisants cardiaques entre 1993 et 2006 et la mortalité à court terme, la fréquence des réadmissions à l’hôpital et des recours à des structures de soins spécialisées, ainsi que la mortalité intra-hospitalière et à 30 jours. Pour cela, ils ont réalisé une étude observationnelle qui a porté sur 6 955 461 hospitalisations. La durée du suivi a été de 30 jours. Les paramètres pronostiques pris en considération ont été la durée du séjour hospitalier, la mortalité hospitalière et à 30 jours et la fréquence des réadmissions à 30 jours.
H. Bueno et coll. ont pu constater que la durée moyenne du séjour hospitalier est passée de 8,81 jours en 1993 (IC 95 % : 8,79-8,83 jours) à 6,33 jours en 2006 (IC 95 % : 6,32-6,34 jours). Parallèlement, la mortalité hospitalière a diminué de 8,5 % en 1993 (IC 95 % : 8,4-8,6 %) à 4,3 % en 2006 (IC 95 % : 4,2-4,4 %). La mortalité à 30 jours a dans le même temps diminué de 12,8 à 10,7 % (IC à 95 % respectifs : 12,8-12,9 % et 10,7-10,8 %).
Davantage de réadmissions.
Inversement, pour la même période de temps, les retours à domicile ou les transferts en hospitalisation à domicile ont diminué de 74,0 à 66, 9% et les recours aux soins infirmiers spécialisés ont augmenté de 13,0 à 19,9 %. Le taux de réadmission à 30 jours a augmenté de 17,2 à 20,1 % (IC 95 % respectifs : 17,1-17,3 % et 20,0-20,2 %, p = 0,001).
Cohérent avec ces données, après ajustement pour les facteurs confondants, le risque de mortalité à 30 jours pour la période 2005-2006, par comparaison avec celui de la période 1993-1994, était de 0,92 % en 2005-2006 (IC 95 % : 0,91-0,93). De même, le risque de réadmission à 30 jours pour la période la plus récente de l’étude, par comparaison avec la période initiale, a été de 1,11 (IC 95 % : 1,10-1,11).
Ainsi, en un peu moins de 15 ans, des réductions marquées de la durée de l’hospitalisation et de la mortalité hospitalière ont été constatées, ainsi qu’une réduction moins importante de la mortalité à 30 jours. A contrario, une augmentation des réadmissions hospitalières à 30 jours a été constatée.
JAMA 2010 ; 303 (21) : 2141-7.
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