« SI LE BÉNÉFICE pour le patient était démontré, un nouveau chapitre en neurologie s’ouvrirait », a indiqué le Pr Francis Turjman, neuroradiologue à l’hôpital neurologique lors d’une présentation de cette nouvelle technique à Lyon. Pour l’heure, c’est essentiellement l’avantage technique qui a surtout été démontré. Rappelons simplement que l’accident vasculaire cérébral (AVC) est aujourd’hui la première cause de handicap chez l’adulte, la seconde cause de démence après la maladie d’Alzheimer et concerne 145 000 personnes chaque année. Le traitement classique reste évidemment la thrombolyse, mais pour être pratiquée, celle-ci doit intervenir dans les 4 h 30 qui suivent l’AVC, et ne permet la recanalisation que dans 20 à 30 % des cas. Par ailleurs, le risque hémorragique de 6 à 7 % reste bien présent et les contre-indications demeurent nombreuses. Au début des années 2000, la recherche conduite en matière de thrombectomie a abouti à différents systèmes, « des sortes de tire-bouchons », a expliqué le Pr Turjman, qui a cité le dispositif MERCI (recanalisation dans 69 % des cas), puis Multi-MERCI (68 %), et enfin, plus récemment Penumbra (82 %).
Recanalisation dans 90 % des cas.
Le nouveau dispositif expérimenté par l’équipe lyonnaise, dit « solitaire », s’apparente à une sorte de stent, introduit, via une sonde d’un millimètre, dans l’artère fémorale et monté jusqu’à l’artère atteinte et ce jusqu’au caillot qui, dans un second temps, est « accroché » et retiré avec le dispositif. L’intervention, réalisée sur une dizaine de patients et sous anesthésie locale, dure moins d’une heure. « Nous passons ainsi de 30 % de recanalisation obtenus habituellement avec la thrombolyse, à 90 % avec la thrombectomie, pour les quelques cas traités », affirme Francis Turjman qui fait également observer que la fenêtre d’intervention est plus grande, soit 6 heures et jusqu’à 8 heures si le cerveau n’est pas en souffrance. Enfin, le risque d’hémorragie est moindre. Parmi les dix personnes ainsi prises en charge dans son service, un patient de 63 ans, victime d’un AVC et atteint d’une hémiplégie gauche lors de son arrivée dans le service, en décembre 2009, est venu témoigner des bénéfices de la thrombectomie mécanique dont il a profité. Arrivé au CHU cinq heures après son AVC, il ne pouvait plus bénéficier d’une thrombolyse. Comme en témoignent les deux angiographies réalisées avant et après traitement, « une réouverture totale de l’artère a été obtenue », a commenté Francis Turjman. Aujourd’hui, le patient indique avoir entièrement récupéré.
Évaluation médico-économique.
La technique apparaît donc, a priori, prometteuse. Cependant, sa mise en œuvre dans une salle d’angiographie spécifique requiert beaucoup plus de moyens en imagerie et personnel qu’une thrombolyse. L’objet de l’étude randomisée THRACE, pilotée par le CHU de Nancy, et qui concerne 6 autres centres français, sera justement d’évaluer d’un point de vue médico-économique le coût de cette thrombectomie mécanique au regard des bénéfices obtenus, notamment en termes de handicap évité. Si un réel bénéfice était mis en exergue, « les patients pourraient, à terme, être traités en première intention par thrombectomie » suppose le Pr Turjman. Dans le cadre de cet essai, qui durera 2 ans et inclura 240 patients dont une trentaine à Lyon, seuls ceux pour lesquels la thrombolyse aura échoué ou ceux arrivés à l’hôpital 5 heures après l’AVC, seront éligibles à la thrombectomie. L’étude démarre à la fin de ce mois de mai.
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