L’impact délétère de la pollution atmosphérique sur le risque d’infarctus du myocarde a déjà été souligné dans plusieurs études. Le travail qui vient d’être publié dans la revue de la Société européenne de cardiologie s’est lui penché sur la perte d’espérance de vie liée à la pollution de l’air comparativement à celle liée au tabagisme (1).
Pour ce faire les auteurs ont développé à partir de plusieurs études de cohorte un modèle, le GEMM (Global exposure mortalité model), et l’ont appliqué aux données d’exposition aux microparticules (PM 2,5) et à l’ozone, d’origine naturelle (feux de forêts par exemple) ou non relevées, en 2015.
L'ischémie coronaire en cause dans plus de 25 % des cas
Selon ce modèle, la pollution atmosphérique serait responsable chaque année de 8,8 millions de décès dans le monde, soit plus que le tabagisme actif et passif, qui, selon les estimations de l’OMS, serait à l’origine de 7,2 millions de décès annuels. En moyenne, la réduction de l’espérance de vie liée à la pollution est de près de trois ans (2,9 ans).
En cause surtout l’ischémie coronaire (28,6 %), les infections respiratoires basses (21,4 %), les accidents vasculaires cérébraux (14,5 %) et la bronchopneumopathie chronique obstructive (10 %). Toutes les régions du globe ne sont pas logées à la même enseigne. L’Asie paie le plus lourd tribut, avec respectivement 35 % et 32 % des décès dans l’est et le sud du continent, suivie de l’Afrique (11 %) et de l’Europe (9 %). L’Australie, où les standards de qualité de l’air sont particulièrement stricts, connaît les taux de mortalité et de perte d’espérance de vie les plus faibles.
Trois quarts des décès après 60 ans
Globalement, 75 % des décès attribués à la pollution surviennent après l’âge de 60 ans, avec là aussi des disparités géographiques puisque les décès surviennent plus fréquemment chez les jeunes enfants en Afrique et en Asie.
La suppression de toutes les sources anthropiques (d’origine humaine) de polluants pourrait réduire en moyenne de 1,7 an la perte d’espérance de vie, et celle des seules énergies fossiles de 1,1 an.
Au total, l’impact de la pollution sur le risque de décès prématuré rivalise avec celui du tabagisme, et est bien plus élevé que celui du paludisme (facteur 19), de la violence (facteur 16), du sida (facteur 9), de l’alcool (facteur 45) ou de la consommation de drogues (facteur 60).
(1) Lelieveld J et al. Cardiovascular Research doi:10.1093/cvr/cvaa025
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