La péricardite aiguë touche plus volontiers des hommes de 20 à 60 ans. Elle est relativement fréquente, avec une incidence de 20 à 30 cas pour 100 000 habitants par an. « Le diagnostic ne pose généralement pas de problème. Il faut cependant s'assurer qu'il s'agit bien d'une péricardite aiguë, grâce à la prise en compte d'au moins deux critères : une douleur thoracique évocatrice, un frottement péricardique à l'auscultation, un sus-décalage de ST diffus et concave sans miroir ou un sous-décalage de PQ à l'électrocardiogramme (ECG), un épanchement péricardique à l'échocardiographie, et éventuellement une inflammation retrouvée en biologie, un épanchement ou un signal inflammatoire sur une imagerie de coupe au scanner ou à l'IRM », insiste le Dr Nacim Ezzouhairi (CHU de Bordeaux). En cas de récidives, la qualité de vie du patient s'en trouve grandement altérée, mais pas son pronostic vital qui reste inchangé.
Le traitement décisif du premier épisode
Certaines étiologies favorisent les récidives. En l'occurrence, il y a davantage de risques de rechutes en cas d’origine bactérienne (tuberculose) ou auto-immune. Parfois, c'est le terrain du malade qui entre en jeu : les patients ayant un profil inflammatoire marqué sont davantage concernés. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une maladie héréditaire à transmission mendélienne, une agrégation familiale de l'ordre de 10 % peut être retrouvée. Enfin, un traitement insuffisant lors d'un premier épisode (dose ou durée inadéquate), est un facteur de risque de récidive. « Il faut prescrire un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) ou de l'aspirine pendant quatre à six semaines, et de la colchicine pendant trois mois. Si le poids du patient est inférieur à 70 kg, la colchicine est prescrite à la dose de 0,5 mg/jour. À partir de 70 kg, la posologie est de 0,5 mg matin et soir (soit 1 mg par jour). Contrairement à la goutte, il ne faut pas donner de dose de charge », rappelle le Dr Ezzouhairi. Le mauvais traitement du premier épisode fait le nid de la récidive, or l'adjonction systématique de colchicine pendant trois mois est une recommandation qui n'est pas toujours suivie.
Comment réagir en cas de rechutes ?
En cas de récidive de péricardite aiguë, il est important de faire le diagnostic en fonction de la concordance de plusieurs éléments, et pas seulement d’après une douleur thoracique semblable aux précédents épisodes. « Les patients, ayant déjà eu un premier épisode, sont plus à l'écoute de leur corps. Ils sont donc plus susceptibles de revenir pour des gênes thoraciques, même modérées. Leur proposer une escalade thérapeutique doit être justifié, d'autant que les traitements de seconde ligne ne sont pas dénués d'effets secondaires », insiste le Dr Ezzouhairi.
Après un premier épisode de péricardite aiguë, 20-30 % des patients vont récidiver. Parmi eux, 40 % vont faire une deuxième récidive, parmi lesquels 50 % vont en faire une troisième, etc. « Si le traitement a bien fonctionné pour le premier épisode, mais qu'une récidive survient malgré tout, il faut reprendre les AINS ou l'aspirine à la même dose et allonger la durée de prescription de la colchicine à six mois. Si le traitement du premier épisode n'a pas fonctionné (péricardite persistante), une trithérapie est proposée en rajoutant des corticoïdes (0,2 à 0,5 mg/kg), voire une biothérapie (anti-IL1) », indique le Dr Ezzouhairi.
Chez les patients faisant des récidives à répétition, les corticoïdes permettent plus ou moins de les contrôler, mais au risque d’une corticodépendance. De plus, s'ajoutent les nombreux effets secondaires bien décrits pour cette thérapeutique au long cours, d'où l'intérêt des biothérapies dans ces situations. « Dès la deuxième récidive de péricardite aiguë, il est ainsi conseillé de se rapprocher d'un médecin interniste, pour introduire justement ces traitements de deuxième et troisième lignes », précise le Dr Ezzouhairi.
Pas de surrisque de complications graves
« Chez les patients qui enchaînent les péricardites aiguës, il est très important de se montrer rassurant : il n'y a pas plus de risque de complications graves. Les tamponnades surviennent chez 1 % des patients faisant un premier épisode de péricardite aiguë. Quant à la constriction, elle est davantage en lien avec l'étiologie de la péricardite qu'avec le nombre de récidives. Elle survient plutôt dans le cadre d'une péricardite aiguë post-chirurgicale ou faisant suite à une radiothérapie thoracique, ou enfin en cas de péricardite tuberculeuse », conclut le Dr Ezzouhairi.
D'après un entretien avec le Dr Nacim Ezzouhairi (CHU de Bordeaux)
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