L’Académie de chirurgie a beau avoir presque 300 ans – et ses membres en moyenne 63 ans –, elle est résolument tournée vers l’avenir, a assuré son président, le Pr Olivier Jardé, lors d’un congrès dédié à la transformation digitale de la pratique chirurgicale, qui a réuni chercheurs, industriels et institutionnels.
Robotique connectée, imagerie, réalité augmentée et virtuelle mais aussi impression 3D et algorithmes : les nouvelles technologies percutent l’ensemble des spécialités chirurgicales, entraînant aussi une explosion des données récupérées exploitables.
Présentée lors du congrès Chirurgie 4.0, Moon Surgical, ex-Maestro – qui a obtenu l’autorisation de la FDA aux États-Unis –, a par exemple développé un robot autonome à l’initiative du Pr Brice Gayet, chirurgien à l’Institut mutualiste de Montsouris. Ce système est conçu pour assister directement les chirurgiens en leur fournissant deux bras supplémentaires qu'ils peuvent utiliser pour contrôler deux instruments laparoscopiques. Une co-manipulation robotisée qui utilise la vision assistée par ordinateur. Les bras flexibles épaulent les chirurgiens pendant les interventions de cœlioscopie, facilitant l’accès à l’intérieur de l’abdomen par de petites incisions. Une fois configurés, ces bras peuvent maintenir en place sondes, caméras et autres instruments nécessaires pendant l’opération. La production de Maestro en France a débuté mi-2024 avec une première série de 10 à 15 exemplaires, avant une montée en puissance en 2025.
SurgAR précise l’incision du foie
Autre robot intelligent, SurgAR, créé au CHU de Clermont-Ferrand et qui vient de réaliser une levée de 11 millions d’euros, déploie des solutions de réalité augmentée en chirurgie mini-invasive, permettant d’améliorer la précision opératoire. La métastase au niveau du foie peut être plus clairement identifiée grâce à un logiciel qui « comprend ce qu’il voit », indique le Pr Albert-Claude Benhamou, ancien président de l’Académie nationale de chirurgie et président du congrès. « On regarde avec nos lunettes la réalité augmentée et on y voit l’anatomie précise, l’instrument vous montre la lésion en train d’être opérée », explique-t-il.
En fusionnant en temps réel le jumeau numérique du patient (obtenu à partir de l’IRM ou du scanner) avec la vue mini-invasive, le chirurgien est en capacité de visualiser la structure interne des organes (tumeur, vaisseaux, canaux excréteurs). L’intervention chirurgicale se veut plus sûre, plus rapide et plus efficace. L'objectif affiché est de diviser par deux les complications chirurgicales et de multiplier par 20 la précision. Côté patients, le bénéfice espéré porte sur le meilleur taux de chirurgie mini-invasive et le moindre taux de récidive des cancers ou de complications. Est également attendue une réduction des coûts pour les établissements (temps d’hospitalisation, rapidité du geste chirurgical).
Le nombre d’opérations gérées par la chirurgie robotisée assistée par l’intelligence artificielle devrait exploser, obligeant les étudiants à se former à ces nouvelles pratiques. L’Académie de chirurgie réclame déjà 7 millions d’euros pour financer chaque année la formation à la robotique et aux nouvelles technologies des quelque 1 000 internes en chirurgie.
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