Un premier cas mondial

Deux grossesses successives après autogreffe d’ovaire

Publié le 17/12/2010
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TOUT COMMENCE plutôt comme un film sombre. En 2004, à l’âge de 27 ans, une jeune danoise, atteinte d’un sarcome d’Ewing, doit subir une chimiothérapie. Le risque de stérilité associé à ces traitements est bien connu, mais une possibilité de préservation du potentiel de fertilité existe. Aussi avant la mise en place du traitement anticancéreux, elle subit un prélèvement partiel de l’ovaire droit. Les tissus obtenus sont préservés par cryoconservation. Une fois la chimiothérapie réalisée avec succès, comme s’y attendaient les médecins, la jeune femme est en état de ménopause.

Un peu plus d’un an après, en décembre 2005, elle et son compagnon émettent le désir d’avoir un enfant. Elle consulte son chirurgien gynécologue et s’informe de la possibilité d’une réimplantation ovarienne. L’accord est obtenu et six bandelettes sont greffées sur son ovaire droit.

C’est ici que ce qui avait mal commencé prend alors un tour heureux. En effet, assez facilement, la fonction ovarienne de la jeune femme repart. Afin d’obtenir des ovulations une stimulation est réalisée, considérée comme peu intense. Sans difficultés particulières, la jeune femme est enceinte. En février 2007, elle donne naissance à une fillette.

Une grossesse est déjà en cours.

Mais nous sommes au Danemark, pays d’Andersen et de ses contes. Et justement c’est un autre Andersen, prénommé Claus Yding, que le couple consulte en janvier 2008, à Amsterdam. La demande est simple auprès de l’obstétricien, qui la suit depuis le début, ils souhaitent un second enfant. L’idée de la jeune femme, suivant le protocole pré-établi, est de réaliser une nouvelle une stimulation ovarienne.

Avant de prescrire le traitement, Andersen demande un bilan. Quelle n’est pas la surprise tant du médecin que du jeune couple de découvrir qu’une grossesse est déjà en cours… Et cette fois de la façon la plus naturelle qui soit. Une seconde fille naît en septembre 2008.

Contraception.

La patiente en est si heureuse qu’elle envisage l’idée d’un troisième enfant. D’autant qu’un cycle menstruel naturel s’est mis en place et qu’elle a désormais recours à un moyen de contraception. Pour parachever le conte la patiente dispose de 7 autres bandelettes ovariennes conservées dans l’azote liquide. Elles lui permettront, si besoin, de recouvrer une fonction ovarienne.

La conclusion de ce cas demeure médicale. Il confirme, grâce à cette patiente, tout l’intérêt de la cryopréservation d’ovaire chez les fillettes et femmes jeunes avant une chimiothérapie. Il montre aussi que les greffons ovariens peuvent fonctionner plus de 4 ans, ce qui suggère la bonne efficacité de la technique.

Human Reproduction doi:10/1093/humrep/deq033.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8879