Chez 10 patients, avec un recul de vingt-quatre mois

Les bons résultats en phase I d’une cornée biosynthétique

Publié le 30/08/2010
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Crédit photo : Ottawa hospital research institute

LE TRAITEMENT d’une cécité de cause cornéenne est la greffe à partir d’un donneur humain. Le potentiel offert par cette greffe souffre de la rareté des donneurs et des risques de complications infectieuses assortissant les greffes de tissus.

Des recherches de substituts biosynthétiques sont menées. Fagerholm et coll. ont adopté une approche de médecine régénérative (tissu biomimétique), proposant d’induire une régénération de la cornée naturelle en implantant un tissu artificiel comportant une matrice acellulaire et du collagène. L’ensemble étant de nature à stimuler la matrice extracellulaire naturelle de la cornée, une couche très active.

Kératocône, cicatrice cornéenne.

Ils ont implanté ce matériel biosynthétique chez 10 patients souffrant d’une baisse significative de la vision à la suite d’un kératocône ou d’une cicatrice cornéenne. Ils publient des résultats préliminaires au terme de vingt-quatre mois. « Les implants ont été intégrés et sont demeurés stables et non vascularisés vingt-quatre mois après la chirurgie, sans qu’il ait été nécessaire de réaliser une immunosuppression comme c’est nécessaire après une allotransplantation. » Une réépithélialisation cornéenne s’est produite chez tous les patients. Une régénération nerveuse est aussi observée chez 9 patients sur 10, et une sensibilité au toucher est restaurée, « pour les deux paramètres à un degré égal ou supérieur à ce qui est obtenu avec une greffe de donneur humain ». Le film lacrymal est restauré et des cellules stromales ont été recrutées à l’intérieur de l’implant chez tous les patients. La cornée est transparente car elle ne possède pas de vascularisation et l’oxygène lui est fourni par les larmes qui baignent le tissu.

Des lentilles.

La vision est améliorée à 24 mois chez six des 10 patients. Sans lentilles de contact toutefois, les patients ainsi traités n’ont pas une acuité aussi bonne qu’après une allogreffe de cornée, reconnaissent les auteurs ; mais avec les lentilles, les résultats sont équivalents. Ils travaillent à améliorer les implants et notamment les sutures qui induisent une plage de vision floue et bloquent le travail de réépithélialisation.

Les résultats enregistrés par Per Fagerholm, May Griffith et coll. peuvent donner un espoir aux personnes qui perdent la vue à cause d’une pathologie de la cornée. L’OMS rappelle qu’il y a dans le monde 50 millions de personnes qui ont une vision altérée des deux yeux et 150 millions au niveau d’un seul œil.

Science Translational Medicine, 25 août 2010, vol. 2, n° 46, 46ra61.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8806