La Polyclinique bordelaise du Tondu engage un vaste projet de reconstruction. En 2018, elle devrait déménager en périphérie, dans un nouvel établissement de 10 000 m² affichant de nouvelles ambitions : renforcement de la prise en charge ambulatoire et développement de la récupération rapide après chirurgie (RRAC).
Pour appuyer leur démarche, les praticiens de l’établissement ont accueilli le Pr Karem Slim, chirurgien du CHU de Clermont-Ferrand, pour une présentation de la « réhabilitation améliorée » dont il est l’un des pionniers au sein du groupe GRACE*.
La réhabilitation améliorée du patient après chirurgie ambitionne de limiter toutes les agressions subies par le patient. « Celui-ci est déjà agressé par sa maladie, et pour lui, la chirurgie est un véritable tremblement de terre, résume le Pr Karem Slim. Alors, si on rajoute les tuyaux, les médicaments… »
Alléger la prise en charge
L’objectif est d’alléger la prise en charge pré, per et post opératoire en abandonnant certaines habitudes inutiles, comme la prémédication ou le jeûne. Le Pr Slim n’hésite pas à faire boire (thé sucré) ses patients jusqu’à deux heures avant l’opération. « Sans stress, ni soif, ni faim, souvent le patient va au bloc à pied », déclare-t-il.
De même, exit la pose de sonde naso-gastrique ou le drainage systématique, sauf cas particuliers. Autant de « dogmes » qui sont remis en cause dans de nombreuses études.
Les résultats sont spectaculaires : la réhabilitation améliorée diminue la durée d’hospitalisation (de 9 à 4 jours pour une intervention colorectale), réduit le taux de complications (jusqu'à 50 %) et permet au passage de conséquentes économies. « Avec elle, vous ne pouvez pas perdre ! », assure le Pr Karem Slim. La mise en place du protocole nécessite l’adhésion pleine et entière du patient et des équipes, souligne le Pr Slim.
Alertes SMS
Sophie Gille, directrice de la polyclinique du Tondu, est partante : « Au-delà des économies, cette approche donne du sens à notre travail qui est d’abord de bien soigner le patient. Elle génère aussi enthousiasme et émulation, propres à nous fédérer autour de ce projet ».
Parmi les praticiens présents, le Dr Raymond Arnoux, spécialiste de chirurgie digestive et bariatrique, s’interroge sur le mode de surveillance post-opératoire des malades après leur sortie. « Elle est réalisée par l’envoi au patient de questions par SMS à J1, J3, J5, explique le Pr Slim. En cas de non-réponse ou de signe alarmant (fièvre, douleur…), une alerte est déclenchée qui arrive sur mon téléphone et nous rappelons le patient. Sur 100 malades, on ne note que 10 alertes. Ce suivi diminue le recours aux urgences ou au médecin traitant. »
D’autres praticiens expriment leur inquiétude quant aux recours et contentieux éventuels en cas de problème lié à ce protocole. Des craintes balayées par Karem Slim : « Un juge verrait qu’on a tout mis en place, avec l’accord du patient, pour un bon suivi. Nous avons suffisamment de publications et d’études récentes montrant l’efficacité de la réhabilitation améliorée. Rassurez-vous, nous avons des biscuits ! »
De fait, ce protocole – déjà enseigné en faculté de médecine et en école d’infirmières – compte 73 centres de références en France. La polyclinique bordelaise du Tondu ne devrait pas tarder à les rejoindre.
* Le groupe de réhabilitation améliorée après chirurgie (GRACE) est un groupe francophone multidisciplinaire créé début 2014 dans le but de favoriser le développement et la diffusion de la réhabilitation améliorée après chirurgie.
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