La Polynésie française est particulièrement touchée par l’insuffisance rénale terminale, dont l’incidence est le double de celle de la métropole. « En cause, la forte prévalence du diabète, (40 % des dialysés), et du syndrome d’Alport, (10 % des patients, des hommes jeunes le plus souvent) », souligne le Dr Pascale Testevuide.
Jusqu’alors, les patients devaient s’installer en métropole pendant une longue période pour pouvoir bénéficier d’une greffe. Il existait en effet un vide juridique total sur le prélèvement d’organes dans tous les Territoires d’Outre-mer (TOM). Plusieurs années ont ainsi été nécessaires pour résoudre les différents problèmes juridiques et administratifs. Par exemple, l’ordonnance d’extension, aux TOM, de la loi de bioéthique de 2004 n’est parue qu’en décembre 2008 et elle a dû être adaptée par les autorités territoriales. « Notre objectif était de faciliter l’accès à la greffe à tous les patients », insiste le Dr Pascale Testevuide, avant de rappeler que le centre de dialyse est arrivé à saturation, ce qui a permis à tous de prendre la mesure de l’ampleur du problème. Parallèlement, la volonté politique de l’établissement a conduit à la préparation technique du projet. Le choix de débuter par des greffes avec donneurs vivants a été délibéré. « La programmation de l’acte, la préparation des équipes ont participé à la désacralisation de l’acte », estime le Dr Testevuide.
Début juillet 2013, l’Assemblée de la Polynésie française a adopté une délibération relative au don et à l’utilisation des éléments et produits du corps humain. Ce feu vert a abouti à l’inscription assez rapide des premiers couples donneurs/receveurs et les deux premières greffes ont été réalisées les 8 et 10 octobre 2013 par le Pr Arnaud Méjean, de l’hôpital Georges Pompidou à Paris, qui a formé les urologues de l’hôpital de Taaoné. Un homme d’âge moyen a ainsi pu recevoir le rein de son épouse et une jeune femme celui de sa sœur.
L’étape suivante est de réaliser des greffes à partir de donneurs décédés. « Notre laboratoire HLA sera fonctionnel en 2014, nos équipes chirurgicales et nos anesthésistes sont prêts », expose le Dr Testevuide. Concrètement, les patients en attente de greffe seront inscrits sur Cristal dans les trois prochains mois et le score d’attribution donnera une priorité locale.
«Cette nouvelle possibilité qui s’ouvre aux insuffisants rénaux polynésiens constitue bien sûr une énorme avancée », insiste Dr Testevuide qui remercie les équipes nancéennes et parisiennes pour leur soutien dans ce projet et l’ensemble de la communauté médicale et paramédicale du CHPF (Centre hospitalier de Polynésie française) qui a su se mobiliser.
D’après un entretien avec le Dr Pascale Testevuide, hôpital Taaoné, Papeete.
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