L’arsenal s’enrichit dans les formes sévères

La dermatite atopique à l’ère des biothérapies

Par
Publié le 09/01/2020
Article réservé aux abonnés
Mieux cibler les mécanismes physiopathologiques de la dermatite atopique à l’aide de biothérapies représente un espoir dans les formes sévères, pour lesquelles les options thérapeutiques restaient limitées.
En Europe, 7 % des enfants d’un an en sont atteints

En Europe, 7 % des enfants d’un an en sont atteints
Crédit photo : Phanie

Dans les formes modérées à sévères de dermatite atopique (DA), un traitement anti-inflammatoire systémique non spécifique (ciclosporine) jusqu’à récemment était inévitable, entraînant des effets secondaires sur le long terme, pour une efficacité qui pouvait laisser à désirer.

Cependant, l’arsenal thérapeutique devrait se voir enrichir de plusieurs classes thérapeutiques, avec de nombreuses molécules à l’étude ainsi que leurs associations (1). Le dupilumab, un anti-IL4 indiqué à partir de 12 ans, a déposé une demande d’extension d’autorisation de mise sur le marché (AMM) chez l’enfant, et d’autres anti-immunoglobulines et des inhibiteurs de JAK devraient suivre, avec des études en cours chez l’adulte comme chez l’enfant.

La voie de l’IL13 semble particulièrement intéressante à cibler dans ce contexte, comme l’indique une étude présentée au dernier congrès européen de dermatologie et vénérologie (2). Cette cytokine Th2 est la plus surexprimée dans la peau des patients atteints de DA, qu’elle comporte des lésions ou non (au contraire, l’implication de l’IL4 ne semble pas systématique, puisqu’il est retrouvé de manière moins constante et en moindre quantité). Cela altère la barrière cutanée, entretenant ainsi le cycle de l’inflammation et des infections.

Le taux d’IL13 est en effet fortement corrélé aux biomarqueurs d’activité de la DA. Et, sur des cultures cellulaires de kératinocytes et fibroblastes humains, un anti-IL13, le tralokinumab, régule de façon dose-dépendante l’activité de la maladie. Un programme clinique de phase III, Ecztra, est en cours.

Face à une DA résistante, la première étape est de vérifier que le traitement topique (par dermocorticoïdes et émollients entre les poussées +/- tacrolimus) est bien conduit. Selon les dermatologues (1), les biothérapies pourraient alors représenter une alternative dès la deuxième ligne, cette stratégie représentant toutefois un coût, alors qu’il s’agit de la plus fréquente des dermatoses inflammatoires : en Europe, 7 % des enfants d’un an en sont atteints, dont 43 % de formes modérées et 3 % de formes sévères.

EADV 2019, conférence de presse organisée par Leo Pharma.
Présentation du Pr Stephan Weidinger (Kiel, Allemagne)
(1) Nguyen HL et al. New and Emerging Therapies for Pediatric Atopic Dermatitis. Paediatr Drugs. 2019 Aug;21(4):239-60  
(2) Katharina Drerup (Kiel, Germany). Atopic dermatitis disease biomarkers strongly correlate with IL-13 levels, are regulated by IL-13, and are modulated by tralokinumab in vitro. FC07.01, EADV, 12 oct 2019

Dr Charlotte Pommier

Source : Le Quotidien du médecin