L’urticaire chronique spontanée touche entre 150 000 et 180 000 personnes en France. Souvent considérée à tort comme une manifestation de l’allergie, reste mal diagnostiquée et mal traitée. Une journée lui est consacrée ce vendredi 3 octobre.
Affection de la peau assez répandue, l’urticaire touchera une personne sur 5 au cours de sa vie. Cependant, si l’urticaire aiguë est de nature allergique et disparaît au bout de quelques heures à quelques jours, ce n’est pas le cas de l’urticaire spontanée chronique (UCS) dont les symptômes durent au-delà de 6 semaines et qui est sans facteur déclenchant connu.
L’UCS concerne entre 0,6 et 1 % de la population générale et près de la moitié d’entre elle présente à la fois des papules/plaques et des angio-œdèmes. Elle touche 2 fois plus de femmes que d’hommes avec un pic de fréquence de la maladie entre 20 et 40 ans et peut durer pendant des années avec une moyenne de 3 à 5 ans. Parmi les urticaires persistant plus de 6 mois, 40 % sont toujours présentes 10 ans plus tard et 20 % le sont toujours après 20 ans d’évolution.
Une journée mondiale pour mieux informer
Pour le Pr Laurence Bouillet, interniste au CHU de Grenoble, « l’urticaire chronique n’est pas une maladie rare, mais une maladie orpheline méconnue. Elle est malheureusement encore mal diagnostiquée et mal traitée ». Un constat que confirme le Dr Brigitte Milpied, dermatologue au CHU de Bordeaux : « La plupart des patients sont confrontés à un parcours extrêmement long et difficile, en partie parce que les médecins sont très mal formés et informés sur cette pathologie. »
Pour répondre aux attentes et aux interrogations des patients, mais également des professionnels de santé, une journée internationale de l’urticaire a été mise en place pour la première fois cette année. La France a décidé de centrer ses efforts sur la sensibilisation et l’information. L’Urticariaday2014 (www.urticariaday.org) est soutenu en France par l’association Asthme & Allergies, le groupe Urticaire de la Société Française de Dermatologie et le Groupe d’études et de recherches en dermato-allergologie.
Expliquer, rassurer et traiter
Afin d’éviter aux patients d’entamer un parcours d’errance thérapeutique long et onéreux, le Pr Bouillet insiste sur quelques points clés du diagnostic, en particulier l’interrogatoire afin de se faire préciser la durée d’apparition des plaques et connaître l’historique de la pathologie : « Il n’est pas rare d’être confronté à des personnes qui se présentent comme multi-allergiques, avec un dossier épais adressé par le médecin traitant dans lequel figure une liste cumulative des allergies successives et des évictions alimentaires, souvent depuis l’enfance. Le problème est que lorsque l’on est allergique à tout, on est en fait allergique à rien ! »
À l’instar du Pr Bouillet, le Dr B. Milpied pointe « le parcours du combattant » de ces patients qui n’ont pas été diagnostiqués correctement et dont la qualité de vie est fortement impactée. Pourtant, une prise en charge adaptée favorise grandement l’évolution : « Il est fondamental, lors de la première consultation, de prendre du temps pour expliquer la maladie, sa physiopathologie, les facteurs favorisant et rassurer sur l’évolution sans cesser de répéter que ce n’est pas une pathologie allergique ». Associé à cette éducation thérapeutique aux résultats probants, un traitement par antihistaminiques (jusqu’à 4 fois la dose AMM) est souvent efficace. Pour ceux qui sont en échec thérapeutique, l’omalizumab, un anticorps monoclonal humanisé dont l’indication dans le traitement de l’UCS a été récemment approuvée, a montré des résultats très encourageants.
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