Les questions à se poser
Devant une (ou plusieurs) lésion cutanée des grands plis d’allure inflammatoire, sachons évoquer la maladie de Verneuil, dont la prévalence en France est estimée à 1 %.
• Est-ce une maladie de Verneuil ?
En faveur de ce diagnostic :
- les éléments d’interrogatoire
Début fréquent après la puberté rarement dans l’enfance (souvent précédée d’un kyste pilonidal), notion de nodules récidivants, facteurs favorisants environnementaux (obésité, tabac), histoire familiale d’abcès récidivants (30 % des cas).
- le terrain
Femme jeune, en surpoids et fumeuse ++, cependant les deux sexes peuvent être atteints.
- le type de lésions
Nodule (s) centimétrique d’allure inflammatoire (rouge, violacé, dur, très douloureux) qui contraste avec l’absence de ganglion. Le nodule peut se fistuliser à la peau, s’infecter et laisser sourdre un écoulement qui peut être purulent et malodorant. La guérison est difficile et laisse une cicatrice.
- la localisation aux grands plis
Dans les deux sexes : aisselles, région inguino-périnéale.
Chez la femme : plis inter-mammaire et sous-mammaires.
Chez l’homme : région périanale et fessière.
Autres localisations, plus rares possibles : nuque, région péri-ombilicale, péri-aréolaire ou rétro-auriculaire.
- la notion de lésions récurrentes
Le diagnostic différentiel se pose avec une bartholinite chez la femme et la furonculose.
• Quelle en est la sévérité ?
La classification de Hurley distingue 3 stades, mais le passage de l’un à l’autre est rare (le terme de grade conviendrait mieux).
• stade 1 : un ou plusieurs nodules ou abcès, sans fistule ni cicatrisation hypertrophique (environ 80 % des patients)
• stade 2 : nodules fistulisés et suppurants avec espaces de peau saine entre lésions d’une même région (près de 20 % des patients)
• stade 3 : pas d’espaces de peau saine entre lésions d’une même région, inflammation importante de la région (1 % des patients).
Ces grades définissent la sévérité de l’atteinte d’une zone pas la sévérité globale pour le patient.
Ce qu’il faut faire
• Rechercher un diabète de type 2, des troubles digestifs ou des arthralgies (association possible à une maladie de Crohn, une SpA, un SAPHO).
• Traiter :
- L’amaigrissement (régime prescrit par un diététicien) et l’équilibration d’un diabète sont recommandés. Ils peuvent améliorer la symptomatologie.
- Au stade 1 : le traitement d’une poussée repose sur l’augmentin® 3g/j pendant 3 à 4 semaines. Un traitement abortif pris avant la poussée du nodule (augmentin® 3g/j pendant 5 jours) peut éviter le recours au traitement classique si le patient connaît les prodromes. L’examen microbiologique n’est pas nécessaire.
- Aux stades 2 et 3 : passer la main au dermatologue. Le traitement repose sur l’antibiothérapie et la chirurgie d’exérèse large. En cas d’échec des traitements conventionnels, un anti-TNFα peut se discuter. L’adalimumab (Humira®) a dans cette indication l’AMM depuis 2015.
Ce qu’il faut retenir
• C’est une maladie chronique : les traitements doivent être continus et non au coup par coup (sauf pour les formes intermittentes modérées).
• Un même niveau de gravité est généralement observé pendant toute l’évolution.
D’après un entretien avec le Pr Jean Revuz, dermatologue, Paris
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