Aux États-Unis, un sondage récent national (*) auprès de 2 016 adultes a montré que 21 % d’entre eux étaient tatoués, dont 38 % des 30-39 ans. La proportion de femmes tatouées a considérablement augmenté en plus de 20 ans, s’élevant aujourd’hui, toujours selon le Harris Poll à 23 %. En Australie, le chiffre varie entre 10 à 15 % selon les études, les hommes restant plus tatoués que les femmes. En Allemagne, on en compte 8,5 % avec un pic chez les hommes entre 25 et 34 ans (22 %). En France, 10 % de la population est tatouée, 20 % chez les 25-34 ans (**).
Quel profil?
Une étude allemande réalisée parmi les 3 411 tatoués en 2010 permet d’obtenir un profil : un homme ou une femme âgée entre 18 et 30 ans, portant 1 à 3 tatouages, couvrant plus de 300 cm2 de peau, sur le tronc ou les membres. 75 % ont des amis tatoués et 30 % ont de la famille proche tatouée. Ce chiffre atteint 70 à 90 % dans d’autres études. Le nombre de tatouage semble corrélé au nombre d’amis tatoués, reflétant une influence évidente de l’environnement.
Les tatouages sont réalisés dans un studio professionnel dans plus de 90 % des cas. Environ 3 % des tatoués admettent avoir reçu un tatouage à domicile, avec les risques infectieux encourus. On estime entre 2 000 et 3 000 le nombre de tatoueurs professionnels en France.
Le tatouage touche évidemment toutes les catégories socioprofessionnelles, mais les études montrent souvent une plus forte prévalence dans les groupes de niveau éducatif bas (niveau lycée contre niveau universitaire).
Les tatoués se considèrent comme plus sexy (30 %), rebelles (24 %), et attirants (21 %). La recherche de sensations est plus prononcée chez les jeunes porteurs de modifications corporelles, qui se considèrent souvent comme preneurs de risque. Ceci peut expliquer la plus forte prévalence de tabagisme, de la consommation de cannabis et également peut être du « binge drinking » dans certaines études. En terme de statut marital et de sexualité, il n’existe pas de véritables différences entre tatoués et non tatoués. Tout au plus, certaines études montrent un plus grand nombre de partenaires sexuels, rapportés par les tatoués, durant la vie.
Il n’existe pas de différence en termes d’orientation sexuelle ou d’infections sexuellement transmissibles. Malheureusement, être tatoué à un prix. Les tatouages continuent d’être perçus négativement. Les non tatoués jugent les tatoués plus rebelles (50 %), moins attirants (45 %), moins sexy (39 %), moins intelligents (27 %) et en moins en bonne santé (25 %). De plus, les femmes tatouées sont perçues comme ayant des mœurs légères. Au travail, le personnel féminin tatoué est considéré comme moins professionnel que leur équivalent masculin et tatoué
Réactions allergiques
En 2008, le conseil de l’Europe a adopté une résolution, le ResAP(2008)1, sur les exigences et les critères d’innocuité des tatouages et des maquillages permanents. Cette résolution a été très récemment traduite dans le droit français. Elle s’applique notamment à la composition et à l’étiquetage des produits servant au tatouage et au maquillage permanent, à l’évaluation des risques qui s’impose avant la commercialisation des produits servant au tatouage et au maquillage permanent.
L’introduction de pigments ou de colorants exogènes n’est pas sans risque et expose à diverses complications cutanées dont la fréquence est mal connue. Il s’agit principalement de surinfections bactériennes superficielles (impétigo, furonculose, ecthyma, mycobactérioses atypiques) par l’introduction de germe durant la séance ou la phase de cicatrisation, et de réactions allergiques à une couleur, le rouge le plus fréquemment. Ces complications surviennent dans des délais variables allant de quelques semaines à une dizaine d’années après le tatouage et dont l’aspect clinique est absolument non spécifique (papules ou nodules érythémateux, prurigineux, indurés avec parfois une notion de photo-aggravation/photodéclenchement, infiltration complète d’une couleur). Les explorations allergologiques n’ont pas d’intérêt actuellement et le traitement est habituellement difficile : dermocorticoïdes, corticothérapie intralésionnelle ou systémique, tacrolimus. En dernier recours, l’exérèse chirurgicale du tatouage ou la destruction par lasers CO2 ou Nd-YAG peut être proposé.
De nombreuses curiosités dermatologiques ont par ailleurs été rapportées également sur tatouage.
Department of Skin and Allergic Diseases, Institute of Clinical Medicine,University of Helsinki and Helsinki University Hospital, Finland.
*Harris Interactive Poll, 2012.
**Sondage Ifop, 2010.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024