La maladie d’Alzheimer (MA) touche 5 % des 65 ans et plus en France, soit 900 000 personnes. Elle est complexe, multifactorielle, avec un facteur génétique important : les porteurs d’au moins un allèle Apoe-4, codant pour l’apolipoprotéine E, ont un risque plus élevé. D’autres facteurs de risques sont modifiables : hypertension artérielle, diabète, dépression, tabac, obésité, sédentarité et alimentation déséquilibrée.
Le régime Mind, un dérivé du régime méditerranéen, est adapté à la prévention de la MA. Il met particulièrement l’accent sur les aliments associés à la santé cérébrale : légumes verts à feuilles, les petits fruits, les noix, les fruits de mer, mais aussi polyphénols, acides gras oméga 3, les légumineuses et céréales complètes à index glycémique bas. Il existe en effet des phénomènes de neuro-inflammation, troubles du métabolisme et altérations vasculaires qui vont contribuer à la survenue de la MA. Pour contrer ces déterminants, les chercheurs ont notamment étudié l’impact des antioxydants, des oméga 3 et des vitamines du groupe B. Celles-ci permettent de faire diminuer un acide aminé neurotoxique, l’homocystéine, ce qui va contribuer à la protection contre la MA. Les études ont toutefois montré qu’il faut utiliser ces nutriments dans le cadre d’une alimentation méditerranéenne ou Mind, associée à une activité physique régulière.
« Dans notre laboratoire, nous avons mené une étude épidémiologique, qui a pu mettre en évidence qu’une alimentation présentant une charge glycémique élevée, liée à une consommation excessive des carbohydrates raffinés, est un facteur de survenue de MA chez des patients porteurs du génotype APOE-4 », affirme la Dr Sylvaine Artero, chercheuse à l’Inserm, Institut de génomique de Montpellier.
Prévenir puis adapter
Cette alimentation idéale ne peut, toutefois, être adaptée à tous les patients, une fois les symptômes déclarés. « Un patient dont la maladie est débutante — quasi asymptomatique — n’a pas la même façon de s’alimenter qu’une personne présentant une MA à un stade avancé, avec un déclin cognitif, des troubles du comportement, des difficultés pour communiquer ou marcher. La prise en charge nutritionnelle du patient doit être personnalisée car de nombreux facteurs individuels peuvent affecter l’alimentation », souligne le Dr Antoine Garnier, gériatre à l’Institut du vieillissement des Hospices civils de Lyon.
De fait, les problématiques en matière d’alimentation sont nombreuses. Un patient présentant une amnésie et résidant seul peut oublier de manger. Une autre personne peut avoir des problèmes de préhension et éprouver des difficultés pour effectuer les gestes du quotidien, tels que le fait de tenir et de manipuler des couverts. Dans ce cas, la présentation des aliments peut être adaptée. Le « manger-main » par exemple, peut favoriser l’autonomie de la personne. Les troubles de la déglutition et le symptôme de bouche sèche, qui modifie le goût des aliments, nécessitent une adaptation de la texture et des saveurs des produits proposés.
Par ailleurs, les symptômes psychocomportementaux, l’apraxie et l’agnosie viennent compliquer le quotidien et, en particulier, les repas. La déambulation (besoin compulsif de marcher le jour comme la nuit), l’apathie, l’anorexie ou l’hyperphagie peuvent toucher certains patients. Ils peuvent nécessiter des adaptations en termes de rythme et de choix alimentaires. L’atteinte de la rétine et du nerf optique peut également altérer la vue : acuité, sensibilité au contraste, discrimination des couleurs… « Les aidants ont un rôle à jouer pour favoriser la prise alimentaire. Cela peut notamment passer par la mise à disposition d’assiettes colorées pour attirer l’attention du patient », note Caroline Rio, diététicienne spécialiste des personnes en situation de vulnérabilité, formatrice pour l’association France Alzheimer.
« Quoi qu’il en soit, la prise en charge de la personne atteinte de MA doit être pluridisciplinaire. Mais, en termes de conseils nutritionnels, il faut un chef d’orchestre (gériatre, le médecin généraliste ou le diététicien…) afin que le patient reçoive le même message de la part de tous les professionnels de santé qui le suivent », souligne la diététicienne. L’essentiel de la prise en charge vise à préserver le plaisir de manger dans le but de prévenir la sarcopénie, la dénutrition et la déshydratation. La surveillance du poids et l’incitation à bouger sont fondamentales. Enfin, il convient de s’adapter aux situations, toutes singulières, en faisant preuve de souplesse, donc en écartant toute notion de régime (sans sel, sans sucre, pauvre en matières grasses…) ou principe diététique strict.
Exergue : « Il faut un chef d’orchestre nutrition afin que tous les professionnels délivrent le même message »
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