Dérivés de lactosérum

Boire du petit lait, et traiter le diabète ?

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Publié le 05/10/2017
lactosérum

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Crédit photo : Phanie

Les molécules qui agissent par le phénomène dit incrétine – les gliptines, qui réduisent la dégradation du GLP1 et les agonistes du récepteur du GP1, injectés à dose pharmacologique (GLP1-a) – sont de plus en plus au cœur de la prise en charge des diabètes de type 2 (DT2). Déjà bien connus chez les sportifs, depuis que la technologie permet de les extraire du petit lait (lire encadré), les concentrés de protéines sériques pourraient nous intéresser en diabétologie pour mimer cet effet. Plusieurs études se sont intéressées à ces protéines miracle : nous n’en rapporterons ici que deux.

Elles ont porté sur des patients DT2. L’une d’elle montre que, consommées lors d’un petit déjeuner standard, ces protéines stimulent fortement le GLP1, fois 3 à 4 (GLP1 total comme GLP1 intact), avec pour conséquence un fort accroissement de l’insulinémie (x 2) et du C-peptide post-prandiaux. Cela réduit alors les excursions glycémiques post-prandiales, d’environ 30 % et en réduisant les taux de ghréline. Cependant si ce pouvoir puissant sur les sécrétions de GLP1 et d’insuline post-prandiales est aujourd’hui largement confirmé, il est possible que selon leur phénotype tous les patients ayant un DT2 ne réagissent pas pareillement.

Certains phénotypes

Un travail publié en 2017, très rigoureux, utilisant pour la première fois le système de mesure du glucose en continu (SMGC), confirme ces effets, tout en montrant que cela est surtout vrai chez les DT2 peu obèses, sans hypertriglycéridémie et ayant un taux de base de GLP1 peu élevé. À l’inverse, en présence d’une obésité, d’une hypertriglycéridémie et de taux de base de GLP1 élevés les effets glycémiques ne sont plus retrouvés voire inverses.

La recherche devra se poursuivre, au travers de plus larges et plus longues études afin de vérifier quels rôles peuvent jouer le phénotype des patients DT2, l’ancienneté du diabète et les traitements médicamenteux et surtout si les effets favorables se maintiennent à long terme. À coup sûr, il s’agit d’une voie originale, pour corriger le déficit absolu ou fonctionnel du GLP1 décrit dans les diabètes de type 2. Une solution peu coûteuse et quasiment « naturelle » : les écologistes et pas eux seuls devraient boire du petit lait.

Professeur émérite, Université Grenoble Alpes (Grenoble)
(1) Jakubowicz D et al. Incretin, insulinotropic and glucose-lowering effects of whey protein pre-load in type 2 diabetes: a randomised clinical trial. Diabetologia. 2014 Sep;57(9):1807-11.
(2) Almario RU et al. Glucose-lowering effect of whey protein depends upon clinical characteristics of patients with type 2 diabetes. BMJ Open Diabetes Res Care. 2017 Jul 7;5(1):e000420.

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr