Mediator : des conséquences inattendues

Effet papillon sur des nominations

Publié le 01/12/2010
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Crédit photo : S TOUBON

LE DOSSIER du Mediator, médicament du laboratoire Servier indiqué dans le traitement du diabète de type 2, est en passe de modifier la donne dans le jeu des chaises musicales du monde de la santé. Depuis son retrait en novembre 2009, les informations se succèdent sur ce médicament, qualifié par Jean Marimbert, patron, de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) de « borderline », en ce qu’il s’est toujours situé entre deux classes : celle du traitement du diabète, et celle des anorexigènes. Au-delà des études menées par le Dr Irène Frachon, cardiologue à Brest, une enquête menée par la CNAM sur demande de l’AFSSAPS a récemment mis en évidence une augmentation des risques de valvulopathies chez les patients ayant pris du Mediator. À la suite de cette enquête, une extrapolation des données a permis d’estimer à environ 500 personnes le nombre de malades potentiellement décédées de complications cardiaques parmi les 3 millions de patients qui ont pris du Mediator entre 1976 et 2009.

Aujourd’hui, l’émoi légitimement soulevé par cette affaire provoque des répercussions inattendues dans le monde de la santé. En effet, l’AFSSAPS a été mise en cause, notamment par le député socialiste Gérard Bapt, qui a accusé l’Agence de n’avoir pas pris la mesure de l’ampleur des événements, et d’avoir tardé à prendre les décisions adéquates (le retrait du médicament) à la suite des alertes données par le Dr Frachon. Jean Marimbert, patron de l’AFSSAPS, s’est d’ailleurs défendu ce week-end dans les colonnes du « Journal du Dimanche », rappelant que son agence s’était penchée sur le dossier dès qu’elle en avait été avertie fin 2008. Or, Jean Marimbert était depuis quelques temps donné favori pour succéder à Noël Renaudin (64 ans) à la tête du CEPS (Comité économique des produits de santé, qui fixe notamment le prix des médicaments admis au remboursement). Les événements auront eu raison de ces nominations attendues.

Noël Renaudin vient en effet d’être finalement reconduit dans ses fonctions à la tête du CEPS pour trois années supplémentaires, et que jusqu’à nouvel ordre. Jean Marimbert garde quant à lui les rênes de l’AFSSAPS. « En ce moment, on a besoin de Jean Marimbert à la tête de l’AFSSAPS », croit savoir « un connaisseur » du secteur cité par le journal « Les Échos ». On peut ajouter que Noël Renaudin était pressenti pour succéder à Raoul Briet au sein de la HAS (Haute autorité de Santé). Dominos obligent, cette nomination devra elle aussi attendre.

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8867