« La prévention du diabète de type 2 [DT2] est une préoccupation clinique, mais sa mise en œuvre en pratique n’est pas facile et n’est pas encore bien codifiée, a rappelé le Pr Pierre Fontaine (Lille), avant de souligner le paradoxe en la matière. On souhaite agir tôt mais, plus on intervient tôt, plus le repérage des patients à risque est compliqué, plus la motivation des patients est faible et plus la preuve de l’effet positif de l’action menée est dure à apporter. »
Des bénéfices démontrés
Les grands essais de prévention fondateurs que sont les études DQS (1986 en Chine), DPS (1993 en Finlande) ou DPP (1996 aux États-Unis) ont été les premiers à démontrer l’efficacité des stratégies de prévention, principalement fondées sur des mesures diététiques et l’activité physique, pour réduire l’incidence du DT2 ou retarder son apparition. D’autres études ont suivi et la méta-analyse des principaux grands essais menés dans ce domaine ces données. Mais ces programmes nécessitent un très gros investissement et ne paraissent pas applicables à grande échelle dans la vraie vie.
Les clés du succès dans la vie réelle
La revue systématique des essais qui ont tenté de mettre en place ce type d’interventions dans la vie réelle, a toutefois confirmé les bénéfices à court terme (12 mois) de ces approches, sur le risque relatif de DT2. Elles permettent une perte de poids moyenne d’un peu plus de 2 kg, une réduction du tour de taille d’environ 3 cm, ce qui se traduit par une baisse d’un point de l’indice de masse corporelle.
Sur la base de l’expérience acquise lors des essais d’intervention et des essais translationnels, il est possible de mieux préciser les conditions du succès des stratégies d’intervention. En pratique, il faut reprendre les objectifs des essais fondateurs, notamment une perte de poids de 5 à 7 % et la pratique de 150 min d’activité physique par semaine. Il est également important de bien cibler les personnes à risque, et pour ce faire, mieux définir le prédiabète. Si la durée du programme varie entre 6 et 12 mois, il apparaît nécessaire de poursuivre avec une phase de maintien d’une année. L’intensité du programme a aussi un impact sur son efficacité, le nombre de contacts (en moyenne de 12 à 16 dans les essais) étant corrélé à la perte de poids. Enfin, la compétence des intervenants joue bien sûr aussi un rôle, qu’il s’agisse de professionnels de santé ou de personnes issues du milieu associatif, dont la formation doit être assez solide (20 à 36 heures).
Les programmes doivent respecter les recommandations, comprendre des mesures diététiques et d’activité physique supervisée, en faisant appel à des techniques de motivation et d’autogestion et à des stratégies renforçant la présence et l’observance. L’implication de la famille et de l’entourage est un facteur de succès.
Des pays comme l’Australie, la Finlande ou les États-Unis ont, depuis une quinzaine d’années, mis en place des programmes à grande échelle sur ce modèle.
Une expérimentation en France
En France, le programme « Dites non au diabète » est en cours d’expérimentation dans trois départements : la Seine-St-Denis, le Bas-Rhin et La Réunion. Ce programme de prévention du DT2, mené à l’initiative du Ministère de la santé et de l’Assurance-maladie, cible des personnes à haut risque : âge [45-70] ans ([35-70] à La Réunion), surpoids (IMC ≥ 25 kg/m2) et glycémie à jeun = [1,10 - 1,25] g/L. Les femmes ayant présenté un diabète gestationnel peuvent rejoindre ce programme à partir de 35 ans (25 ans à La Réunion).
L’objectif est de conduire la personne à haut risque à changer ses habitudes de vie pour accroître la consommation d’aliments riches en fibres, diminuer la part des lipides, réduire les graisses saturées et les sucres, perdre de 5 à 7 % du poids initial, faire au moins 30 minutes d’activité physique par jour, 5 fois par semaine. Sur proposition du médecin traitant, ces personnes à risque ont un premier entretien individuel de 30 minutes avec un opérateur du programme, puis 15 heures de séances collectives étalées sur 9 à 12 mois, suivies d’une séance de maintien l’année suivante.
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