On débat depuis des décennies de l’existence d’un phénotype de glycation rapide chez les personnes avec diabète de type 1 (DT1). L’utilisation systématique de capteurs de glucose (MCG) permet de comparer, à long terme, les taux de glucose moyens avec les valeurs d’HbA1c.
Chez certains sujets, les HbA1c sont supérieures aux données de la MCG. Une étude (1) s’est penchée sur la question de savoir si ces patients présentaient une plus grande accumulation de produits finaux de glycation avancée (AGE) et de complications chroniques.
Ont été inclus des sujets avec DT1 utilisant une MCG avec balayage intermittent pendant au moins 90 jours, avec mesure d’HbA1c en laboratoire à la fin de l’observation. Les AGE cutanés ont été estimés à l’aide de la méthode d’autofluorescence cutanée (SAF). Le fardeau des complications a été évalué par un dépistage standardisé. Le phénotype « fast-glycator » a été défini comme ayant un rapport MCG/HbA1c < 0,9.
Il s’agissait de 135 DT1 (58 % d’hommes ; âge moyen : 44,4 ans) avec une durée moyenne de diabète de 21 ans et une valeur moyenne d’HbA1c de 7,7 %. Trente (22,2 %) ont été définis comme ayant le phénotype « fast-glycator ». Comme prévu, les glycateurs rapides avaient une HbA1c plus élevée (8,6 vs. 7,5 % ; p < 0,001), alors que leur glycémie moyenne sur 90 jours était similaire (172 contre 168 mg/dL ; p = 0,52).
Plus de complications
Les glycateurs rapides avaient une SAF (AGE) plus élevée que les autres participants (2,5 vs. 2,1 unités arbitraires ; p = 0,005) et une prévalence significativement plus élevée de dyslipidémie (73 vs. 44 % ; p = 0,005), de macroangiopathie (38 vs. 9 % ; p = 0,001), albuminurie (25 vs. 7 % ; p = 0,038) et rétinopathie (61 vs. 38 % ; p = 0,022). Après ajustement en fonction de l’âge et de la dyslipidémie, le phénotype « glycation rapide » restait significativement associé à la macroangiopathie (OR = 3,72 ; IC95 [1,22-11,4]).
Conclusion, dans le DT1, un phénotype à glycation rapide, défini par le rapport IGM/HbA1c, se caractérise par des AGE cutanés élevés et est associé au fardeau des complications.
Un phénomène déjà ressenti
De tels sujets avec DT1, nous en avons tous rencontré, mais, alors que nous ne disposions que de l’autosurveillance glycémique (ASG), même très assidue (≥ à 8-10/j), indiquant une probable dissociation d’avec l’HbA1c, nous ne pouvions réellement l’affirmer, puisque d’innombrables autres valeurs de glucose échappaient à la mesure. Le recours au capteur de glucose (MCG) vient confirmer cette hypothèse de l’existence de « glycateurs rapides », exposés à un plus haut risque de complications. Il faut les identifier d’autant que, dans cette série, un sujet avec DT1 sur cinq semble être concerné par cette particularité.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Maran A, Morieri ML, Falaguasta D, Avogaro A, Fadini GP. The Fast-Glycator Phenotype, Skin Advanced Glycation End Products, and Complication Burden Among People With Type 1 Diabetes. Diabetes Care. 2022 Oct 1;45(10):2439-2444. doi : 10.2337/dc22-0980. PMID : 35972256.
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