C’EST CONNU et mieux documenté pour les filles : depuis les années quatre-vingt-dix, on sait que le développement pubertaire des filles se fait plus tôt qu’attendu. Une des principales observations a été établie par un collectif de pédiatres américains – PROS (Pediatric Research in Office Settings) - établi depuis 1986 qui regroupe aujourd’hui plus de 1 700 spécialistes en activité, répartis sur l’ensemble des Etats-Unis, à Porto Rico et au Canada.
Ce même collectif vient de présenter lors du récent congrès de l’Académie américaine de pédiatrie les données concernant les garçons ; l’étude est à paraître dans la revue Pediatrics. L’âge de la puberté masculine est aussi avancé, de 6 mois à 2 ans par rapport aux données antérieures, et selon l’ethnie.
Seul le volume testiculaire dépend de l’axe gondaotrope.
«C’est un travail intéressant, explique le Pr Michel Polak (Necker, Paris) car nous ne disposons de peu de données chez les garçons. Chez les filles on peut mener des études par auto-questionnaire car elles savent bien s’évaluer, chez les garçons, c’est plus compliqué. Ce travail américain a été fait par des pédiatres qui ont mesuré le volume testiculaire, le seul paramètre qui peut vraiment témoigner d’un âge avancé de la puberté chez les garçons. L’apparition des poils pubiens n’est pas un signe de puberté car leur naissance dépend d’un signal androgénique surrénalien alors que le volume testiculaire lui dépend de l’axe gonadotrope ».
Quatre-mille cent trente et un enfants recrutés par 144 unités pédiatriques ont participé à cette observation qui consistait essentiellement à recueillir les marqueurs du développement pubertaire, segmenté en 5 stades pour les garçons comme pour les filles.
La moyenne d’âge pour le stade 2 génital était de 10,14 ans chez les Blancs, de 9,14 ans chez les Afro-Américains et de 10,04 ans chez les Hispaniques. Pour le stade 2 de la pilosité pubienne, l’âge moyen était respectivement pour les Blancs, Afro-Américans et Hispaniques, de 11,47 ans, 10,25 ans et 11,43 ans.
Un volume testiculaire ≥ à 3 ml était observé en moyenne à l’âge de 9,95 ans chez les garçons Blancs, de 9,71 ans pour les Afro-Américains et de 9,63 ans chez les Hispaniques. Les garçons d’origine Afro-Américaine présentaient systématiquement des moyennes d’âge inférieures pour le développement de la pilosité pubienne et des organes génitaux, aux stades 2 et 4 ( p‹0,0001).
« Les données actualisées sur les caractéristiques pubertaires de garçons étaient manquantes, a estimé le Dr Marcia E. Herman-Giddens, auteur de l’étude. Elles étaient très attendues par tous, pédiatres, autorités de santé et parents ». Concernant les filles, d’aucuns évoquaient les oestrogènes environnementaux mais s’agissant des garçons, ces substances auraient plutôt ralentit le développement pubertaire.
Le rôle de la leptine.
«Il faut tenir compte des liens entre poids et puberté qui apparaissent parfois contradictoires, remarque Michel Polak. Les enfants américains sont souvent en surpoids et la leptine en excès pourrait favoriser le déclenchement d’une puberté plus précoce. Elle agit comme un facteur modulateur, permissif, sur l’axe gonadotrope ». Les polluants environnementaux sont aussi des facteurs modulateurs.
Selon ce spécialiste, ces données n’ont, pour le moment, aucune implication sur l’âge de dépistage des pubertés précoces: « Chez les petites filles, on a gardé l’âge de 8 ans comme seuil ».
Cette puberté en avance sur son temps s’arrêtera un jour : « Les pédiatres turcs qui ont beaucoup écrit sur ce sujet, ont montré récemment que l’avance en âge de la puberté qu’ils observaient aussi dans leur pays s’est arrêtée » conclut le Pr Michel Polak.
Secondary Sexual Characteristics in Boys: Data From the Pediatric Research in Office Settings Network . Pediatrics 2011-3291; publié en ligne le 20 Octobre 2012, doi:10.1542/peds.2011-3291
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