« Aujourd’hui, notre spécialité se retrouve confrontée à trois grands défis : la démographie, la technologie et l’accès aux nouvelles thérapeutiques, estime le Dr Pierre Sérusclat, trésorier du Conseil national professionnel d'Endocrinologie, Diabétologie et Nutrition (CNPEDN). La diminution du nombre de médecins de premier recours et de praticiens de notre spécialité va s’accentuer avec le départ en retraite, dans les cinq à dix prochaines années, de ceux qui étaient arrivés dans la spécialité via un CES (aujourd’hui disparu). Et la mise en place de la nouvelle maquette de notre DES, dans le cadre de la réforme du 3e cycle (lire p. 29), entraîne une réduction du nombre d’internes en formation. Jusqu'ici 80 sortaient du DES, plus 30 médecins qui arrivaient via le DESC de nutrition. Celui-ci sera désormais intégré au DES, réduisant d'autant les nouveaux spécialistes. »
En parallèle, la prévalence des maladies métaboliques ne cesse d’augmenter. C'est le cas du diabète de type 2 (DT2) mais aussi de type 1 (DT1). « Les pédiatres s'alarment déjà de cet afflux de patient, que les diabétologues adultes vont retrouver sans une dizaine d'années. Et cela va être un vrai défi. Autant, pour le DT2, on peut s’appuyer sur les médecins de premier recours (même s’ils sont moins nombreux), autant le DT1 nécessite vraiment une prise en charge spécialisée », souligne le Dr Sérusclat.
Une nécessaire évolution des pratiques
« Ces dernières années, nous avons vu arriver un certain nombre d’innovations technologiques dans le DT1, en particulier la boucle fermée (lire p. 5). Cela entraînera une réorganisation du suivi de ces patients, à laquelle tout le monde n’est pas forcément préparé. Il va aussi falloir gérer l’augmentation de la place de la télémédecine. Le développement des capteurs constitue va apporter une masse de données, il faudra dégager du temps pour les analyser et les interpréter », prévient le Dr Sérusclat. Quelle place prendra l’intelligence artificielle dans le diagnostic et le suivi des pathologies chroniques ? « Il faudra veiller à ce que cela n'entraîne pas une certaine forme de déshumanisation de la prise en charge des maladies chroniques », souligne-t-il.
Enfin, l’accès aux nouvelles thérapeutiques reste une question cruciale de la spécialité. « On a pu le constater, avec la difficulté d’obtenir le remboursement de la mesure en continu de la glycémie. Et on peut rappeler qu’on n’a toujours pas accès en France aux iSGLT2 et arGLP1 (lire p. 8 et 20), alors que ces thérapeutiques constituent un réel progrès pour certains patients », déplore le Dr Sérusclat.
Entretien avec le Dr Pierre Sérusclat, trésorier du Conseil national professionnel d'Endocrinologie, Diabétologie et Nutrition (CNPEDN)
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024