Pour répondre à l’urgence du choc anaphylactique

L’injection d’adrénaline reste le gold standard

Publié le 11/09/2014
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Crédit photo : PHANIE

Réaction allergique sévère, d’installation rapide, pouvant mettre en jeu le pronostic vital, le choc anaphylactique survient lorsque le système immunitaire réagit très fortement à un allergène : venin d’insecte, aliment, médicament… Il se caractérise par un ouragan de symptômes cutanés, respiratoires, gastro-intestinaux, cardiovasculaires… La chute tensionnelle étant, toutefois, sa caractéristique majeure. « Il ne faut pas oublier certaines formes sévères d’anaphylaxie tels que l’angioedème, ou encore, l’asthme aiguë grave consécutive à la consommation d’un aliment auquel les médecins ne sont pas toujours sensibilisés », précise le Pr Denise-Anne Monneret-Vautrin, allergologue, CHU Nancy.

L’anaphylaxie est en nette augmentation depuis vingt ans. Outre l’asthme, les allergies alimentaires sont en pleine expansion. En France, environ 1% des réactions allergiques culmine en anaphylaxie sévère provoquant 1 à 5 décès par million d’habitant. Un premier accident d’anaphylaxie, les âges extrêmes, les comorbidités, la grossesse, la prise de bêtabloquants, l’administration parentérale de l’allergène et la mastocytose sont autant de facteurs de risque d’anaphylaxie sévère ou fatale. « Il existe, par ailleurs, deux facteurs sur lesquels nous devons agir : l’éducation du patient à risque qui doit savoir utiliser les médicaments adéquats dont les stylos auto-injecteurs d’adrénaline (médicament de première intention du choc anaphylactique) avant l’arrivée des premiers secours. Mais aussi, la rapidité du diagnostic », note le Pr Monneret-Vautrin.

Tout retard d’injection d’adrénaline augmente, en effet, le risque de mortalité. Or, en France, la prise en charge des patients par l’injection d’adrénaline est insuffisante, « sans doute par manque de formation universitaire des différentes spécialités médicales », d’après le Pr Monneret-Vautrin. L’adrénaline est sous-utilisée dans les services d’urgence et la durée de surveillance recommandée en milieu hospitalier pour les patients ayant eu une réaction sévère (24 heures pour les enfants ; 6 à 12 heures pour les adultes) n’est pas assez respectée. « Pourtant, entre 4 et 12 heures après le début du choc anaphylactique, une seconde réaction -parfois plus sévère- peut se produire dans 20 % des cas », conclut le Pr Monneret-Vautrin.

Epipen*, nouveau traitement du choc anaphylactique

Suite à la mise en évidence, en novembre 2013, d’un défaut qualité sur un petit nombre de stylos auto-injecteurs d’adrénaline Jext (dysfonctionnement du système d’injection), une procédure de rappel des lots de stylos Jext a été mise en œuvre par le laboratoire ALK en accord avec l’ANSM. Remplaçant les stylos Jext concernés, le stylo Epipen* -solution injectable d’adrénaline en stylo pré-rempli initialement destiné au marché nord américain- ne pouvait s’obtenir en France (de décembre à juillet dernier) qu’en échange d’un stylo Jext selon une procédure de substitution en officine.

Depuis juillet dernier, Epipen est, désormais, disponible en pharmacie (AMM obtenue le premier octobre 2013). Indiqué dans le traitement d’urgence des réactions allergiques sévères, Epipen se présente sous deux dosages. L’un à 0,15 mg/0,3ml (enfants entre 15 et 30 kg) et l’autre à 0,30 mg/0,3 ml (au-delà de 30 kg). Similaire à Jext, Epipen est destiné à être utilisé facilement par le patient : le stylo doit être enfoncé sur face antérolatérale de la cuisse. ALK a, pour sa part, repris la production de Jext dans plusieurs pays européens : en France, le produit devrait à nouveau être disponible fin 2014.

*Laboratoire MEDA Pharma, Liste I, remb. SS à 65 %

Hélia-Hakimi Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9347