LE QUOTIDIEN : Qu’ont démontré les études les plus récentes sur la pratique d’une activité physique et la prévention du diabète de type 2 ?
PR MARTINE DUCLOS : Il y a de plus en plus de données sur le sujet et elles sont de plus en plus précises car nous disposons aujourd’hui de capteurs de mouvement permettant de mesurer objectivement l’activité physique, le temps passé assis.
Une étude particulièrement intéressante est celle portant sur la cohorte UK Biobank (1) qui a examiné les relations entre l’activité physique et l’incidence du diabète de type 2, en prenant en compte les niveaux de risque génétique (262 biomarqueurs étudiés). Au total, dans les deux groupes (score génétique élevé ou pas de risque génétique), une diminution du risque d’apparition du diabète de type 2 a été observée dès 10 minutes d’activité physique par jour.
Elle est d’autant plus importante que la durée de l’activité physique est longue. Ainsi, la diminution du risque d’apparition de diabète de type 2 est de l’ordre de 70 % si le patient fait 60 min d’activité physique d’intensité modérée à intense par jour.
Et si on ajoute en plus, les effets d’une nutrition équilibrée et d’un bon sommeil, l’effet préventif sera encore plus important. Avant, on ne s’intéressait qu’à l’activité physique seule ; maintenant, grâce aux capteurs de mouvement, on peut évaluer cinq comportements de mouvement : le temps passé assis, le temps passé en sommeil, le temps passé debout sans bouger, l’activité physique de faible intensité et l’activité physique d’intensité modérée ou enfin de forte intensité. Quand le patient modifie un de ces comportements, cela se fait au profit d’un autre. On arrive ainsi à obtenir un profil individualisé de l’activité du patient.
Qu’en est-il dans la prise en charge des patients atteints de diabète 2 ?
L’activité physique, associant endurance et renforcement musculaire, améliore nettement l’équilibre glycémique. Elle a également un impact positif sur les facteurs de risque cardiovasculaire (pression artérielle, profil lipidique…).
Elle réduit aussi le risque de développer des complications cardiovasculaires et microvasculaires (rénales en particulier). Elle permet de diminuer le risque de mortalité globale et le risque de cancer. Enfin, l’activité physique améliore la qualité de vie, diminue le risque d’anxiété et de dépression.
Quelles sont les recommandations ?
Premièrement, l’objectif est de diminuer le temps passé assis : quand on est sédentaire, il faut se lever régulièrement toutes les heures et bouger pendant une à trois minutes. Il faut également bouger dans la vie quotidienne (marche, vélo, monter les escaliers).
Les recommandations générales selon l’OMS et l’ADA, sont les suivantes : au moins 150 à 300 minutes par semaine d’activité d’endurance d’intensité modérée ou au moins 75 à 150 minutes par semaine d’activité d’endurance d’intensité soutenue, ou une combinaison équivalente d’activités d’intensité modérée et soutenue tout au long de la semaine et une séance de renforcement musculaire, deux fois par semaine. Mais, avant tout, il faut s’adapter aux capacités physiques du patient, à ses goûts....Il est conseillé de commencer doucement et d’augmenter progressivement la durée. Un peu d’activité physique, c’est mieux que rien. 15 minutes par jour sont déjà bénéfiques.
En pratique, à qui prescrire une activité physique adaptée (APA) ?
Dans le cadre du parcours de soins des personnes atteintes d’une affection de longue durée ou d’une maladie chronique ou présentant des facteurs de risques et des personnes en perte d’autonomie, le médecin (quelle que soit sa spécialité) peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient. L’APA se justifie pour les personnes incapables de pratiquer des activités physiques en autonomie et en sécurité, et considérées comme physiquement inactives. Malheureusement, encore trop peu de médecins prescrivent l’APA et orientent les patients vers une Maison sport-santé.
Quels sont les avantages à diriger le patient vers une Maison sport-santé ?
Les Maisons sport-santé (MSS) font office de guichet unique d’accueil pour informer et orienter les personnes vers les offres d’activité physique adaptée de proximité. Elles peuvent proposer un programme d’activité physique sur place ou orienter vers des structures et des personnels qualifiés APA, à même de proposer une offre de prise en charge adaptée et personnalisée. Il existe actuellement plus de 500 Maisons sport-santé labellisées, présentes sur l’ensemble des départements métropolitains et la quasi-totalité des territoires et collectivités d’Outre-mer. Cependant, de nombreuses Maisons sport-santé rencontrent des problèmes de financement, et l’APA n’est en principe pas remboursée, sauf lorsque certaines collectivités territoriales s’engagent.
(Strasbourg, Villeurbanne, Blagnac, etc.). Certaines mutuelles remboursent également l’APA, à raison d’environ 100 à 200 euros par an.
(1) Luo Met al. Accelerometer-measured intensity-specific physical activity, genetic risk and incident type 2 diabetes : a prospective cohort study.Br J. Sports Med 2023 oct ;57(19) : 1257-64
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