La réglementation française est claire : en fin de vie, les stylos à insuline doivent être incinérés. Souhaitant réduire l’impact environnemental de ces opérations, les laboratoires Sanofi et Lilly (1), qui fournissent chaque année plusieurs millions de ces dispositifs médicaux (DM) à des personnes diabétiques, ont proposé à Dastri de se saisir du sujet.
« Nous avons accepté de travailler sur cette question collectivement avec la volonté que la consigne donnée aux patients soit simple : un système unique de collecte, quelle que soit la marque du produit, reposant sur le circuit existant des boîtes violettes disponibles en pharmacie », retrace Laurence Bouret, déléguée générale de Dastri.
Les « boîtes violettes », introduites par la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, permettent en effet déjà le recyclage, au terme de leur utilisation, de dispositifs médicaux avec électronique (capteurs de glucose en continu, pompes patch de glucose…).

Quatre régions pilote
L’expérimentation, baptisée Recypen, ayant été autorisée par la Direction générale de la santé en Auvergne Rhône-Alpes, dans le Grand Est, dans les Hauts-de-France et en Occitanie, des kits ont été adressés dès juin 2024 aux pharmacies des quatre régions pilotes.
« La première collecte des boîtes violettes a eu lieu en octobre 2024, ce qui était tôt ; la prochaine, programmée en juin 2025, sera sans doute plus représentative de la motivation des professionnels de santé et des patients à s’investir dans des projets qui réduisent l’impact environnemental de notre système de santé », poursuit Laurence Bouret.
Si, d’un point de vue économique, incinérer les DM coûte moins cher qu’une opération consistant à en séparer les différentes fractions de matière en vue de recycler notamment le plastique, les gains environnementaux ne font pas débat. « 75 millions de stylos préremplis sont vendus en France chaque année, représentant 1 500 tonnes de plastique, souligne la déléguée générale. Un travail comparatif d’analyse des bilans carbone, liés à l’incinération d’une part et au recyclage d’autre part, est en cours. Les données chiffrées sont attendues au début de l’été. Nous avons par ailleurs réussi à retransformer le polycarbonate dans le cadre d’un procédé d’extrusion, et à l’injecter pour fabriquer des plateaux de soins. »
À moyen et long terme, l’ambition de Dastri est d’utiliser polycarbonates et polypropylènes recyclés dans la fabrication des boîtes Dastri destinées au réemploi, mais également dans celle de DM perforants, de type autopiqueurs ou lancettes par exemple.
Adhésion massive
« De plus en plus de médecins font le choix de prescrire des dispositifs qui, à performances égales, sont moins nocifs pour l’environnement. L’éco-prescription est aussi une façon d’encourager les industriels à aller dans cette direction », constate Laurence Bouret qui a également noté une préoccupation croissante chez les patients. « Ils sont de plus en plus nombreux à refuser certains produits dès lors qu’il existe des alternatives produisant moins de déchets. Le fait de leur proposer le programme Recypen, qui permet de réduire la pression sur des ressources non renouvelables, est donc particulièrement bien perçu ».
Un baromètre réalisé par l’Ifop en 2024 confirme que 86 % des patients sont favorables au recyclage des stylos injecteurs sans aiguille. Et 73 % des pharmaciens exerçant dans les régions pilotes soutiennent l’expérimentation Recypen.
Face à cet enjeu, l’objectif de Dastri est d’élargir à la fois le nombre d’acteurs impliqués mais aussi celui des DM recyclables. « Nous avons réuni à plusieurs reprises une dizaine d’autres laboratoires afin de travailler sur un élargissement du périmètre des produits. Des discussions sont donc à nouveau engagées avec les pouvoirs publics pour obtenir une nouvelle dérogation. Et les deux laboratoires à l’origine de Recypen souhaitent que nous proposions le pilote à l’ensemble des régions françaises, hors outre-mer, d’ici la fin de l’année », annonce Laurence Bouret.
(1) Novo, le troisième laboratoire présent sur le marché a lancé sa propre opération, Returpen, en 2023
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