Lors d’une réunion avec Nicolas Revel, le patron de l’Assurance-maladie, vous avez évoqué le problème de la prescription des médicaments biosimilaires et de la rémunération des gastroentérologues qui font ces prescriptions. Que lui avez-vous dit ?
Franck Devulder : On sait que désormais, tous les médecins, les gastroentérologues comme les autres prescripteurs de biothérapies, sont incités à prescrire davantage de biosimilaires principalement pour des raisons économiques. Ces médicaments sont en effet moins chers que les autres. Le problème est que les médecins n’ont aucun avantage à favoriser ces prescriptions. Les économies réalisées grâce à ces prescriptions de biosimilaires, reviennent à 70 % à l’Assurance-maladie et à 30 % aux établissements de santé où sont faites éventuellement ces prescriptions car une grande partie est réalisée en médecine de ville. On voit même aujourd’hui les syndicats de pharmaciens commencer à loucher sur ce gain potentiel, en espérant peut-être obtenir le même modèle que pour les médicaments génériques. Je dis cela en étant bien conscient de la différence entre génériques et biosimilaires.
Mais l’argent récupéré par les établissements de santé n’est-il pas utilisé pour améliorer la prise en charge des patients ?
Non, le plus souvent et c’est bien là le problème. Et c’est la même chose dans les établissements privés que dans les hôpitaux publics. On pourrait imaginer que l’argent, récupéré via ces économies faites sur les prescriptions, soit utilisé pour améliorer la prise en charge des patients atteints de la pathologie concernée. Cela pourrait servir à mettre en place par exemple des programmes d’éducation thérapeutique. Mais tous les confrères, avec lesquels je discute de ce sujet, me disent que cet argent n’est jamais utilisé avec cet objectif dans leur établissement.
Que proposez-vous ?
Il faut intéresser les gastroentérologues à la prescription des biosimilaires. Je propose que les économies, générées par ces prescriptions, soient à l’avenir partagées entre l’Assurance-maladie et les médecins qui font ces prescriptions. Avec une condition : que ce gain supplémentaire, accordé aux praticiens, soit lié à une meilleure prise en charge de leurs patients. Peut-être qu’il ne faut pas utiliser le terme d’éducation thérapeutique car cela renvoie à une réglementation bien précise, notamment par rapport à la formation des médecins. Mais on pourrait imaginer que le gastroentérologue, qui perçoit une rémunération supplémentaire, puisse prendre du temps pour aider son patient à mieux gérer la prise d’un traitement qui n’est pas toujours simple. On pourrait aussi imaginer que ce dispositif soit lié à l’avenant n° 7 de l’Assurance-maladie qui prévoit une aide pour l’embauche des assistants médicaux dans les cabinets. J’ai dit à Nicolas Revel que cela serait un dispositif gagnant-gagnant pour les médecins et l’Assurance-maladie. Et il a eu l’air intéressé par ces arguments
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