Prise en charge personnalisée
La thérapeutique s’inscrit dans une véritable prise en charge personnalisée adaptée à l’âge, à l’ancienneté des symptômes, à leur sévérité et au retentissement qu’ils ont eus sur l’enfant, sa vie quotidienne et la réaction familiale. On insistera en particulier sur l’intérêt de guérir la fissure ou l’anite en veillant à éviter les excès d’antiseptiques irritant lors des toilettes des bébés, les soins locaux « décapant » après un épisode douloureux ; l’essentiel tient dans le traitement oral modifiant la consistance des selles, traitement efficace donné de façon prolongée pour que le physiologique reprenne sa place et que la peur disparaisse. On ne traite jamais trop longtemps et la « dépendance » n’est pas un problème. Tout ceci doit être dit faute de quoi le traitement ne sera pas poursuivi.
Des mesures diététiques ?
Faut-il instituer des mesures diététiques ? C’est rarement un problème d’apport alimentaire ; on peut toutefois chercher, pour proposer de la corriger, une alimentation très riche en produits laitiers qui, du fait de la teneur en calcium, favorise la formation de savons qui durcissent les selles (alors qu’on associe au lait la notion de diarrhée ce qui n’est plus vrai passés les premiers mois) ou un défaut majeur de fibres qu’on croit réparer par un jus d’orange matinal alors qu’on supprime à tort les carottes. On en vient finalement à des conseils de consommation équilibrée, valable pour toute la famille et adaptée aux habitudes culinaires culturelles, sans persécuter l’enfant pour qu’il ingère pruneaux ou épinards alors que son problème est la crainte du passage anal de la selle desséchée du fait d’une constipation terminale.
Place des moyens médicamenteux.
Ils sont généralement nécessaires si on veut être efficace mais il faut savoir les choisir et en expliquer le mécanisme d’action Le traitement doit être essentiellement une aide à l’obtention d’un bol fécal suffisamment volumineux mais non dur pour qu’il puisse être évacué aisément sans douleur anale et souvent en renfonçant la propulsion. L’utilisation de traitement par voie rectale doit être proscrite car elle ajoute une autre crainte, celle des lavements ou suppositoire, à celle de la défécation ; le lavement doit rester exceptionnel : le côté spectaculaire du soulagement qu’il induit par une évacuation de selle ou de simple gaz, donne à penser à la famille qu’il est indispensable. Ces manœuvres assez traumatisantes entretiennent entre mère et enfant une dépendance à travers ces stimulations anales qui lui donnent un bénéfice secondaire ou l’empêchent d’acquérir le schéma normal de défécation spontanée à point de départ oral et s’ajoutent au retentissement de cette constipation sur un lien déjà perturbé.
Parmi les agents pharmacologiques dont on dispose, on distingue :
- Des médicaments osmotiques doux :
la fermentation par les bactéries d’un sucre non absorbé permet une hydratation des matières fécales. Il peut être pris à forte dose si besoin, en une prise unique quotidienne ce qui lui donne une meilleure efficacité. Cette posologie peut être augmentée de manière à obtenir des selles de consistance normale. Et n’a pas d’inconvénient au long cours.
- Des lubrifiants (huile de paraffine) :
ils peuvent être ajoutés au début pour faciliter le passage. Ils ne sont indispensables qu’en cas de fissure en association avec les soins anaux (toilette et pommade protectrice cicatrisante pour 5 à 7 jours).
- Des laxatifs non sucrés de type polyéthylène glycol PEG :
Ils sont bien acceptés et peuvent être utilisés à forte dose au début pour évacuer la rétention de matières ; ils doivent être donnés dans la journée au moment d’un repas, après lequel on encouragera l’enfant à aller s’installer aux toilettes ce qui peut aussi faciliter la rééducation du rythme régulier recherché.
L’important pour la réussite de la prise en charge serait, pour certains, que l’enfant se sente pris en charge ; à ce titre, différentes stratégies de soutien ont été développées : tenue de calendrier, intervention via Internet.
Identification précoce
Un traitement de fond est généralement nécessaire pour aider à régler le problème et particulièrement éviter les échecs des prises en charge rapides en urgence ou par un médecin débordé lui aussi… et qui traite au coup par coup ne s’inquiétant que lors de la récidive Mais c’est avant tout l’identification précoce de la constipation qui évitera d’entrer dans les complications d’une maladie bénigne devenant invalidante au quotidien. Ainsi l’analyse des habitudes alimentaires et des rythmes de la vie quotidienne mérite d’être intégrée à notre interrogatoire lors des consultations quel qu’en soit le motif pour mieux comprendre la fréquence de ce problème, ne pas l’ignorer ou le banaliser, traiter tôt et augmenter ainsi les chances d’un succès prolongé.
Pas de conflit d’intérêt déclaré.
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