Dysphagie, gastroparésie, constipation, syndrome du côlon irritable pourraient être des signes d'alerte précoces quant à un risque augmenté de survenue de maladie de Parkinson. C'est ce que suggère une étude observationnelle américaine publiée dans « Gut » à partir des données du réseau de recherche en santé TriNetX. Le risque de la maladie à cinq ans serait plus que doublé pour les trois premiers symptômes.
Cette étude, à la fois cas/contrôle et de cohorte, a comparé 24 264 patients ayant la maladie de Parkinson à d'autres atteints d'une autre maladie neurologique (19 046 avec Alzheimer et 23 942 avec une affection cérébrovasculaire) mais aussi à des témoins (n = 24 624).
L'hypothèse de l'axe cerveau-tube digestif
Le cerveau communique avec le système gastro-intestinal. Et il a été avancé que les symptômes digestifs pouvaient précéder le développement de maladies cérébrovasculaires, tels qu'Alzheimer, l'anévrisme cérébral ou l'accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique. L'hypothèse de Braak suggère qu'il en serait de même pour la maladie de Parkinson, selon le concept que le tube digestif via le système nerveux entérique serait la porte d'entrée à des facteurs environnementaux à l'origine de l'accumulation d'alpha-synucléine anormale.
L'équipe du Dr Pankaj Jay Pasricha (Mayo Clinic Arizona) a d'abord comparé la présence de troubles digestifs rapportés dans les dossiers médicaux des personnes ayant un Parkinson avec celle de personnes des autres groupes appariées selon l'âge, le sexe et l'origine ethnique (mesure de l'odds ratio, OR). Les chercheurs ont ensuite procédé différemment en divisant l'ensemble des participants en groupes séparés selon qu'ils présentaient l'un des 18 signes digestifs répertoriés* (mesure du risque relatif, RR).
Une association spécifique pour quatre symptômes
Il ressort que quatre symptômes étaient spécifiquement associés à la maladie de Parkinson par rapport aux autres (témoins, Alzheimer, maladie cérébrovasculaire), et ce dans les deux approches : la gastroparésie (OR : 4,64 ; RR : 2,43), la dysphagie (OR : 3,58 ; RR : 2,27), le syndrome du côlon irritable sans diarrhée (OR : 3,53 ; RR : 1,17) et la constipation (OR : 3,32 ; RR : 2,38). De plus, l'appendicectomie semble être protectrice avec un risque diminué.
D'autres troubles digestifs (dyspepsie fonctionnelle, syndrome du côlon irritable avec diarrhée, incontinence fécale) étaient plus fréquents chez les personnes ayant une Parkinson, mais l'étaient également chez des sujets ayant un Alzheimer ou une maladie cérébro-vasculaire.
Détecter la maladie à un stade précoce
Cette étude ne permet pas d'établir une origine causale, soulignent les auteurs. Mais c'est « la première à établir une preuve observationnelle substantielle que le diagnostic clinique, non seulement de constipation, mais aussi de dysphagie, de gastroparésie et du syndrome du côlon irritable sans diarrhée, pourrait prédire le développement d'une maladie de Parkinson », estiment-ils.
Si ces résultats étaient confirmés, la détection précoce d'un syndrome gastro-intestinal pourrait ainsi aider à identifier dans la phase prodromique les patients à risque dans l'optique d'un traitement préventif qui permettrait d'enrayer la progression de l'accumulation d'alpha-synucléine.
Pour le Dr Tim Bartels, de l'Institut britannique de recherche sur la démence (UCL), interrogé par Science Media Centre : « Compte tenu du fait que la maladie a habituellement progressé à un stade avancé de neurodégénérescence dans la substance noire lors de l'apparition des symptômes moteurs, tous signes cliniques précoces et biomarqueurs potentiels seraient très utiles pour un traitement plus tôt (et donc plus efficace) et pour trouver des cibles médicamenteuses ».
*achalasie, dysphagie, reflux gastro-œsophagien, gastroparésie, dyspepsie fonctionnelle, subocclusion intestinale, iléus paralytique, diarrhée, constipation, syndrome du côlon irritable avec diarrhée, syndrome du côlon irritable sans diarrhée, incontinence fécale, maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, colite microscopique, appendicectomie, vagotomie.
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