Le cadre d'exercice des infirmières de pratique avancée (IPA) a été spécifié par décret, dès 2018. Le master 2 d'IPA, accessible après minimum trois ans de pratique infirmière, vient compléter la formation initiale. Il est dispensé dans les facultés de médecine, dans le cadre de la formation médicale continue (FMC) des infirmières, ou accessible en dehors de la FMC par le biais d'organismes de formation privés. Il permet aux infirmières de disposer de connaissances techniques et de compétences pour prendre des décisions complexes, en association avec un médecin. « Durant les deux années de master d'IPA, les infirmières bénéficient d'une formation théorique et pratique. La première année reste générale. Mais l'année d'après, les infirmières doivent choisir une spécialité parmi quatre domaines d'intervention : les pathologies chroniques stabilisées ; la cancérologie et l'hépato-oncologie ; les maladies rénales chroniques ou la psychiatrie. Nous souhaiterions, à l'avenir, qu'une cinquième spécialité s'y rajoute : l'hépato-gastrontéologie. Un rapport de l'Inspection générale interministérielle du secteur social (IGAS) devrait être publié sur ce sujet dans les prochains mois », souligne la Pr Christine Silvain (CHU de Poitiers).
Des besoins non couverts
Les pathologies du foie et du système digestif sont vastes : elles concernent aussi bien les maladies hépato-digestives chroniques que la transplantation hépatique, ou encore l'insuffisance intestinale. « Or, aujourd'hui, les IPA qui travaillent dans nos services sont peu nombreuses et bénéficient d'une formation trop généraliste puisqu'elles sont issues du master 2 spécialisé en pathologies chroniques stabilisées », déplore la Pr Silvain. L'IPA intervient toujours selon un protocole écrit, en collaboration avec un médecin hospitalier ou libéral. « Dans notre spécialité, nous avons un grand besoin en IPA. Elles pourraient faire des consultations (physiques ou en ligne) de dépistage et de suivi au long cours des patients atteints de maladies chroniques du foie, nécessitant une transplantation hépatique, de maladie intestinale chronique de l'intestin (MICI), de pathologie fonctionnelle ou colpopractologique chronique ou d’insuffisance intestinale requérant une nutrition parentérale à domicile », indique la Pr Silvain.
Améliorer la qualité des soins
Dans les faits, le diplôme d'IPA permet non seulement de valoriser le métier d'infirmier, mais aussi de soulager les médecins dont l'emploi du temps est surchargé. « Travailler avec une IPA nous permet de nous libérer du temps afin de pouvoir nous investir davantage dans la recherche médicale, par exemple. Cela optimise aussi notre démarche qualité et la prise en charge des patients », note la Pr Silvain. Dans le cadre du suivi au long cours, les IPA peuvent notamment examiner les patients, identifier certains signaux d'alerte (comme la décompensation d'une cirrhose), interpréter les résultats biologiques et favoriser l'adhésion des patients aux programmes de dépistage. De même, les IPA sont habilitées à prendre en charge les malades dans le cadre de programmes d'éducation thérapeutique (ETP). « L'ETP est primordiale pour nos patients chroniques afin de connaître les règles d'hépato-protection, de mettre en place des actions nutritionnelles et de s'impliquer dans une activité physique adaptée à leur état de santé », précise la Pr Silvain.
Optimiser le lien entre la ville et l'hôpital
L'IPA est une interlocutrice clé permettant une coordination multidisciplinaire et transversale. Elle est non seulement en contact avec les médecins, mais aussi avec les diététiciens, psychologues, enseignants en activité physique adaptée ou assistants sociaux… Elle fait également le lien entre la ville (le médecin traitant notamment) et l'hôpital. « Les établissements hospitaliers sont, d'ailleurs, très favorables aux IPA mais les moyens mis en œuvre ne nous permettent pas d'en recruter suffisamment », regrette la Pr Silvain.
D’après un entretien avec la Pr Christine Silvain, chef du service d'hépato-gastroentérologie (CHU de Poitiers)
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