COMMENT ASSURER au mieux le passage d’un adolescent, jusque-là suivi dans un service d’hépatologie pédiatrique, vers une unité de prise en charge pour adultes ? Les Drs Pierre Broué et Karl Barange ont une certaine légitimité pour répondre à cette question. Le premier est hépatologue-pédiatre et le second hépatogastroentérologue en service adulte au CHU Purpan de Toulouse. Et cela fait plus de 15 ans qu’ils ont mis en place et animent, ensemble, une consultation de transition pour les adolescents. « L’initiateur de la démarche de la transition, au départ, c’est le Dr Broué. En tant que pédiatre, il connaît ces patients qu’il suit le plus souvent depuis la naissance. C’est donc lui qui est le mieux placé pour juger du bon moment pour aborder cette question de la transition, longtemps avant sa concrétisation, avec le patient et ses parents, explique le Dr Barange. En principe, après 15 ans, l’adolescent ne doit plus être suivi en pédiatrie. Mais on ne se fixe pas sur l’âge civil. À 15 ans, certains adolescents sont parfois encore immatures avec une puberté qui a pu être retardée par la maladie. Il faut que la maturité soit suffisante pour engager cette transition. C’est le patient qui connaît le bon moment. En général, cela se fait entre 16 et 20 ans », souligne le Dr Barange, en ajoutant que, pour le patient, ce passage en service adulte peut être angoissant. « En pédiatrie, sa relation avec le médecin est souvent privilégiée et individualisée. Chez nous, il y a plus de patients et les consultations sont souvent plus rapides ».
C’est donc le Dr Broué qui, le premier, aborde le sujet avec le patient et ses parents. « Si la demande n’est pas spontanée, il la suscite mais il faut vraiment que l’engagement vienne de l’adolescent et de lui seul. D’ailleurs, on veille à ce que ce ne soit pas les parents qui prennent la décision à sa place », indique le Dr Barange.
Une condition est indispensable pour lancer cette phase de transition. « Il faut que la pathologie soit en parfaite stabilité. Cela ne peut pas se faire chez des patients dont la maladie n’est pas équilibrée ou chez lesquels on vient de faire une modification de traitement. Cela ne serait pas le bon moment car on rajouterait alors de l’angoisse à une période d’instabilité clinique ».
Ensuite, la consultation de transition se déroule dans l’unité pour adulte. « Le Dr Broué vient avec le dossier du patient que nous avons examiné ensemble, au préalable. Nous allons chercher tous les deux le patient et ses parents en salle d’attente. Au début de la consultation, le Dr Broué résume l’histoire clinique du patient et débute l’interrogatoire puis je pose des questions complémentaires, sur des choses qui concernent la vie d’un adulte : la consommation de tabac ou d’alcool, le permis de conduire, les aspirations professionnelles… Puis, je procède à l’examen clinique avant qu’on définisse ensemble, avec le Dr Broué, la suite de la prise en charge qui devra s’inscrire dans la continuité », explique le Dr Barange. « Durant cette consultation, le Dr Broué tutoie le patient mais, de mon côté, je le vouvoie de manière systématique pour bien marquer le fait qu’une évolution est en marche ». Durant cette première consultation, les parents sont en général présents. Ensuite, cela dépend. « Dans certains cas, ils arrêtent assez vite de venir. Mais il arrive que des parents viennent toujours à la consultation d’un patient de 23 ou 24 ans », indique le Dr Barange. Un autre élément doit aussi être pris en compte : la volonté d’émancipation, voire de « défiance » exprimée par le patient. « C’est classique à l’adolescence. Et c’est parfois délicat à gérer quand certains patients, surtout des transplantés hépatiques, se mettent à refuser tout traitement immunosuppresseur ».
D’après un entretien avec le Dr Karl Barange, hépatogastroentérologue en service adulte au CHU Purpan de Toulouse
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