« C’EST UNE HISTOIRE exemplaire. Avec une interface entre les services universitaires de soins et la recherche clinique », explique au « Quotidien » le Pr François Pattou, qui dirige le service et l’équipe de recherche.
La patiente souffrait d’un insulinome, une tumeur bénigne mais grave, pouvant entraîner le décès par hypoglycémie. Sa tumeur était située près de la tête du pancréas et il a fallu enlever 80 % de la glande. « Notre équipe fait aussi de la recherche en thérapie cellulaire depuis quinze ans. », précise le Pr Pattou
On a enlevé une partie du pancréas macroscopiquement sain. Qui a été envoyé au laboratoire. « Quarante-huit heures après, on a interrogé l’anapath pour confirmer la bénignité et l’Afssaps pour vérifier l’acceptation du protocole, consistant à réimplanter à la patiente ses propres îlots pour empêcher le diabète. » Comme il vaut mieux éviter une implantation dans le foie après une grosse chirurgie du pancréas, l’équipe a exploré d’autres voies.
Depuis deux ans, un travail chez le mini-porc, qui pèse 50 kg à, l’âge adulte, est réalisé pour explorer le site intramusculaire. Les résultats sont positifs, montrant que cela fonctionne.
Quarante-huit heures après l’intervention, les propres îlots bêta isolés à partir de la glande prélevée chez la patiente lui ont été réimplantés sous anesthésie locale, dans les muscles de l’avant-bras gauche.
Le greffon a survécu est a fonctionné. Un an plus tard, la patiente ne présentait pas de diabète, même après une stimulation par du glucose per os.
Les chercheurs ont ensuite montré que l’insuline vient bien du bras. La démonstration est faite après une injection d’arginine.
Une imagerie détectant les cellules bêta normales.
L’ultime démonstration était de prouver que les cellules bêta sont bien présentes. La biopsie n’était évidemment pas possible, en raison du risque d’enlever le greffon.
Pour cela, une collaboration a été mise en place avec des collègues allemands qui développent une imagerie pour détecter les cellules bêta normales. Ce qui est utile chez des patients diabétiques pour suivre la masse des cellules bêta. Là, il était question de localiser les cellules à un endroit connu pour être certain que le greffon est opérationnel.
La patiente a accepté d’aller à Fribourg pour que soit réalisée cette nouvelle scintigraphie à l’aide d’un marqueur spécifique.
« Et il y a six mois, la scintigraphie a bien montré la présence des îlots dans le bras là où les tests biologiques le laissaient supposer. »
Le recul est maintenant de dix-huit mois. Et la patiente ne souffre pas de diabète.
Chez cette patiente, à partir du pancréas prélevé, on a pu isoler 1,8 ml de cellules bêta. Il faut savoir que les îlots constituent 3 % du pancréas. La quantité injectée est similaire à ce qui est greffé dans le foie chez un patient diabétique, lorsque l’on réalise une allogreffe provenant d’un donneur en état de mort cérébrale.
« En traitant cette patiente, nous avons franchi deux pas significatifs. D’abord celui de la thérapie cellulaire et ensuite celui de l’imagerie des cellules bêta. Il était important de montrer chez l’homme ce qui était seulement validé chez l’animal. »
(1) François Pattou, Inserm U859 « Biothérapie du diabète », Université de Lille ; Julie Kerr-Conte Université de Lille ; Damian Wild, University Hospital, Freibourg, Allemagne.
Ce travail a fait l’objet d’une lettre au New England Journal of Medicine du 23 septembre 2010.
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