La maladie d’Huntington reste une énigme. Elle est causée par la mutation d'un seul gène qui affecte le cerveau, mais comment ?
Des expériences menées sur les animaux ont permis de mieux comprendre comment elle altère les capacités cognitives. Deux études américaines publiées dans « the proceedings of the National Academy of Sciences » donnent ainsi l'espoir de trouver des traitements thérapeutiques. La première, dirigée par des chercheurs de l'université de Duke sur des oiseaux. Elle a permis de découvrir que certains neurones des ganglions de la base sont affectés par la maladie et qu'empêcher la transmission erronée par ces neurones élimine les symptômes de la maladie.
La seconde étude, réalisée par une équipe de l'école de médecine de l'université d'Emory, consistait à supprimer le gène responsable de cette dégénérescence, montrant que chez la souris adulte ce gène n'était pas indispensable à la survie.
Les pinsons en chorée
Mouvements incontrôlés, problèmes d'équilibre, sautes d'humeur puis dégénérescence cognitive sont les symptômes rattachés à la chorée d’Huntington. Ils apparaissent en général assez tard chez les individus porteurs d'une mutation du gène codant pour une protéine : la huntingtine.
Les chercheurs de l'université de Duke ont introduit le gène chez des pinsons zébrés dans les ganglions de base, une région du cerveau particulièrement touchée par la maladie. Ils ont précisément injecté le virus contenant la mutation au sein de l'aire X. Résultat : les oiseaux n'étaient plus capables de chanter de la même façon. Les neurones pallidaux, qui restent les principaux émetteurs de signaux vers l'extérieur des ganglions, ont survécu. Seuls les neurones épineux moyens ont été touchés. Pourtant, l'activité des neurones pallidaux a été altérée. « Ceci suggère que quelque chose a été perdu dans la complexité du signal que ces neurones transmettent en temps normal », explique le Pr Richard Mooney, un des auteurs. « Si c'est le cas, il y a une possibilité de recomposer la complexité des signaux de départ, ce qui serait suffisant pour restaurer les comportements d'origine. »
Les spécialistes ont également remarqué que d'empêcher l'aire X d'émettre des signaux permettait à nouveau aux oiseaux de chanter normalement. « Il semble qu’aucun signal ne vaut mieux qu'un erroné », constate le Pr Mooney. Le plus curieux, c'est qu’un petit nombre d'oiseaux retrouve un chant harmonieux avec le temps. L'équipe veut comprendre pourquoi. Il est possible que les pinsons soient capables de générer de nouveaux neurones épineux moyens. Ce qui est impossible chez l'Homme.
Surveiller les souris sans gène
Les chercheurs de l'université d'Emory ont génétiquement créé des souris sur lesquelles ils ont supprimé le gène codant pour la huntingtine à différents stades de la vie. Les souris adultes semblent demeurer en bonne santé malgré la perte de ce gène. Elles réussissent aussi bien les tests de mouvements et gardent la même force de préhension que les souris normales. En revanche, les souriceaux de moins de 4 mois développent des pancréatites mortelles.
Par ailleurs, des études ont précédemment montré que le gène de la huntingtine est nécessaire au développement embryonnaire. Les embryons qui en sont privés meurent in utero. « Nos travaux suggèrent que la maladie pourrait être soignée si on délétait le gène dans des cerveaux d'adultes », explique le Pr XIao-Jiang Li, qui a participé aux travaux. Même si les techniques de suppression du gène sont prometteuses pour l'avenir, il est possible que les souris privées de gène souffrent de problème de mémoire ou de troubles de comportement plus difficiles à déceler.
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