L’épidermolyse bulleuse récessive se caractérise par la formation récurrente de bulles due à une fragilité épidermique et tissulaire structurelles. La gravité de cette pathologie est très variable, allant de simples tâches brunes qui disparaissent à l’âge adulte, à l’apparition de bulles sur de très nombreuses zones du corps tout au long de la vie. Les données de trois études parues dans « Science Translational Medicine » viennent apporter des éléments en faveur de l’utilisation des cellules pluripotentes induites (IPS) pour permettre des greffes de peau dans le cadre du traitement de cette famille de pathologies.
Quand le collagène fait défaut
Pour l’instant, 18 gènes ont été identifiés, dont la mutation est à l’origine de la pathologie. Une des mutations qui revient fréquemment dans les formes les plus sévères est celle qui affecte le gène COL7A1 codant pour le collagène de type VII qui forme des fibrilles permettant l’accrochage de la peau au tissu conjonctif sous-jacent. Dans une première étude, Vittorio Sebastiano, de l’université de Stanford, et ses collègues, ont prélevé des cellules de peau chez des malades, puis les ont transformées en cellules IPS à l’aide d’un vecteur lentiviral. Ces cellules, au fort potentiel de prolifération, ont été modifiées pour corriger la mutation affectant COL7A1. Les chercheurs ont ainsi pu produire des morceaux de peau qu’ils ont greffés sur des souris immunodéprimés. Les greffes ont tenu trois semaines sans que l’on observe d’apparition de tumeur. Une des étapes importantes de ces travaux a en effet consisté à réaliser un séquençage de chaque lignée cellulaire avant de procéder à la différentiation en fibroblastes, afin d’éliminer toutes les lignées qui avaient développé des mutations oncogènes. Les tentatives de faire durer les greffes pendant plus d’un mois ont en revanche toutes échoué mais les auteurs estiment que le risque de rejet sera bien moindre chez des patients greffés avec de la peau issue de la culture de leurs propres cellules.
Une greffe bien tolérée chez la souris
Les chercheurs de l’institut de biotechnologie moléculaire de l’académie autrichienne des sciences, à Vienne, ont reproduit ces résultats dans un autre article écrit par Daniel Wenzel et ses collègues. Ils ont produit des cellules IPS à partir de cellules de la peau de souris mutées sur COL7A1 présentant des mêmes symptômes que les patients humains atteints d’épidermolyse bulleuse. Les cellules IPS ainsi obtenues étaient capables de sécréter du collagène de type VII et, après avoir été différenciées en fibroblastes, ont été greffées chez des souris. Seize semaines après l’injection intradermique, aucune tumeur n’était observée. Au bout de quatre semaines, il y avait 6 à 8,5 fois plus de collagène de type VII dans les tissus greffés que dans le reste de la peau des animaux. Les auteurs notent par ailleurs que les portions de peau des souris greffées ne bullaient plus au bout de 18 semaines sous l’effet d’un stress mécanique.
La greffe de peau sans passer par la case IPS
Dans une dernière étude, menée Noriko Umegaki-Arao de l’université Columbia de New York, des chercheurs se sont intéressés aux patients dont le corps présente une forme mosaïque de la maladie avec une alternance de zones affectées et non affectées. Ils ont montré qu’une partie des cellules de ces malades sont spontanément revenues à la normale et pourraient ainsi fournir un bon matériau de départ pour des greffes de peau censé remplacer les zones atteintes par la mutation.
Vittorio Sebastiano et al, Human COL7A1-corrected induced pluripotent stem cells for the treatment of recessive dystrophic epidermolysis bullosa, Science Translational Medicine, publication du 26 novembre 2014
Daniel Wenzel et al, Genetically corrected iPSCs as cell therapy for recessive dystrophic epidermolysis bullosa, Science Translational Medicine, publication du 26 novembre 2014
Noriko Umegaki-Arao et al, Induced pluripotent stem cells from human revertant keratinocytes for the treatment of epidermolysis bullosa, Science Translational Medicine, publication du 26 novembre 2014
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024