Protégés contre le paludisme grave

Les sujets HbC constituent un réservoir humain pour P. falciparum

Publié le 26/03/2010
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Crédit photo : Carlo Costantini / IRD

ON SAIT que les parasites du genre Plasmodium sont transmis à l’homme par l’intermédiaire de piqûres de moustiques infectés. « Le cycle de transmission est subtil, précise un communiqué de l’IRD, puisque les moustiques eux-mêmes s’infectent lorsqu’ils attaquent un être humain porteur du parasite. »

Chez l’homme, le parasite se développe dans le foie. Puis, en fin de processus, il se multiplie dans le sang.

On sait par ailleurs que certains types d’hémoglobines mutants (HbC et HbS) procurent une protection contre le paludisme grave.

Dans ce contexte, des chercheurs de l’IRD (équipe de Louis-Clément Gouagna, UR 016 « Caractérisation et Contrôle des populations vecteurs »), en association avec des chercheurs africains (institut de recherches en sciences de la santé et de l’hôpital Saint-Camille, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso) et italiens (université la Sapienza, Rome, département des Sciences en Santé publique) ont cherché à savoir si ces variants de l’hémoglobine influencent la transmission du parasite de l’homme aux moustiques vecteurs.

Les chercheurs ont conduit leur étude parasitologique auprès de 4 000 personnes vivant en zone rurale d’Afrique de l’Ouest ; des expériences de transmission expérimentale d’infection ont été effectuées sur plus de 6 000 moustiques in vivo (dans ce cas, le moustique piquent des hommes porteurs de différents types d’hémoglobine) et ex vivo (dans ce cas, les moustiques se nourrissent, à travers une membrane, de sangs de différents variants génétiques).

Les chercheurs ont constaté :

- des niveaux plus élevés de parasites infectants chez les porteurs de l’HbC ;

- que le risque de transmission de P. falciparum de l’homme au moustique est trois fois plus élevé lorsque le repas de sang infectant provient de ces individus portant l’hémoglobine C.

À quoi est due cette augmentation de la transmission ? On ne le sait pas encore.

Quoi qu’il en soit, ce travail montre que la variabilité génétique influence la résistance aux maladies infectieuses mais pèse également sur leurs dynamiques de transmission.

Les chercheurs vont se rendre sur de nouveaux terrains d’étude en Afrique de l’Est. Ils vont « poursuivre leurs recherches sur cette étrange cohabitation où un parasite épargne certains hommes (porteurs de l’hémoglobine C) mais en font des "réservoirs" plus menaçants, favorisant la dissémination ».

Nature Genetics, édiiton en ligne.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8737