Pour sa 18e édition, le Prix L'Oréal-Unesco 2016 a fait l'objet d'une session extraordinaire le 22 mars à l'Académie des Sciences pour présenter le travail des 5 lauréates primées cette année : les Prs Quarraisha Abdool Karim, Hualan Chen, Andrea Gamarnik, Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier, chacune étant issue d'une région du monde différente.
L'édition du génome à l'honneur
Parmi elles, la française Emmanuelle Charpentier a été récompensée avec l'américaine Jennifer Doudna (Berkeley) pour la découverte en collaboration de CRISPR-Cas9, cet outil d'édition génétique unanimement qualifié de « révolutionnaire ». Après avoir débuté à l'Institut Pasteur, la chercheuse française, qui a fait toute sa carrière scientifique à l'étranger, est aujourd'hui directrice de l'institut Max Planck à Berlin.
L'outil CRISPR-Cas9 peut être comparé à des « ciseaux magiques » de l'ADN, dont la simplicité, l'efficacité et le faible coût sont en train de réinventer la génétique. Issue de la recherche fondamentale sur le mécanisme de défense des bactéries, cette découverte ouvre des voies très vastes en thérapeutique humaine. Le potentiel de cette révolution génétique va au-delà de ce qui était imaginable, et l'application sur l'embryon humain pose de multiples questions de sécurité et d'éthique à la communauté scientifique internationale.
La prévention du VIH chez les femmes
À côté de l'édition du génome, le Prix L'Oréal-UNESCO a choisi de récompenser trois chercheuses ayant travaillé sur des virus. Le Pr Quarraisha Abdoul Karim, de l'université de KwaZulu-Natal (Afrique du Sud), a été primée pour l'ensemble de ses travaux sur la prévention du VIH chez les femmes, dont l'étude CAPRISA004 ayant montré une réduction de 39 % du risque d'infection chez les femmes ayant utilisé un gel à base de ténofovir.
Cette épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses doit sa reconnaissance à ses découvertes sur les mécanismes d'infection et de propagation du VIH. Ses travaux ont concerné notamment les adolescentes et les très jeunes femmes en Afrique du Sud, son pays natal, qui affiche le plus fort taux de contamination au monde. Les femmes y sont plus vulnérables, avec un taux d'infection 8 fois supérieure dans la tranche 18-25 ans par rapport aux hommes. À l'âge de 23-24 ans, une femme sud-africaine sur deux est infectée par le virus.
Avec son plus grand collaborateur qui n'est autre que son mari, le chercheur Salim Abdool Karim, la chercheuse fonde CAPRISA, le Centre pour le Programme de recherche sur le SIDA en Afrique du Sud. Malgré le scepticisme ambiant, leur persévérance dans la recherche d'un gel vaginal microbicide a fini par payer. En 2010, le succès arrive et la revue « Science » la salue comme l'une des dix premières avancées de l'année.
La grippe H7N9 enrayée à temps
C'est pour des travaux sur les menaces de la grippe animale pour la santé publique que la chercheuse chinoise Hualan Chen a été récompensée. À la tête du laboratoire national de référence pour la grippe aviaire en Chine, le Pr Chen se retrouve en première ligne lorsque, en 2013, les premiers cas d'une nouvelle souche mortelle du virus H7N9. « Le virus H7N9 est invisible chez les animaux et très facilement transmissible après adaptation chez les humains », explique le Pr Chen.
Son équipe analyse plus de 1 000 échantillons prélevés dans la terre, l'eau et les élevages et marchés de volailles autour de Shanghaï. L'identification du virus sur les marchés entraîne leur fermeture immédiate. En 2013, elle figure dans le « Top 10 des scientifiques qui comptent » du magazine « Nature ».
Décrire la structure de la dengue pour des vaccins
Mieux comprendre la dengue, le Pr Andrea Gamarnik de l'Institut Leloir à Buenos Aires y a consacré l'essentiel de sa carrière. La dengue entraîne 390 millions d'infections chaque année. La chercheuse a étudié la sélection positive de variants entre les passages d'un hôte à l'autre, du moustique à l'homme, de l'homme au moustique.
La chercheuse a mis en évidence que le virus se spécialise et s'adapte à l'hôte mais aussi que la structure dupliquée du virus reste conservée. Ces travaux fondamentaux ont contribué à l'arrivée de deux vaccins, dont l'un développé par les Instituts américains de la santé (NIH) a très récemment affiché 100 % d'efficacité.
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