Carlos Martin Beristain (médecin et docteur en psychologie) et Francisco Etxeberria (professeur de médecine légale de l’Université du Pays Basque) en sont sûrs : les fosses qu’ils ont exploré contiennent les restes humains de huit Sahraouis tués en février 1976 par des membres de l’armée marocaine.
Quand les spécialistes en génétique médico-légale, en anthropologie médico-légale et les archéologues espagnols atteignent le site qu’ils ont décidé d’investiguer au Sahara occidental - nous sommes les 8, 9 et 10 juin 2013 -, cela fait un peu plus de quatre mois qu’un berger Sahraoui a signalé avoir découvert des restes humains.
Pour Carlos Martin Beristain, alerté immédiatement de cette découverte, il peut s’agir du « groupe d’Amgala », des personnes que l’on dit disparues depuis le 12 février 1976 mais dont on n’a pas retrouvé traces. Ce médecin s’intéresse depuis plusieurs années au sort des quelques 400 civils sahraouis « disparus » (1), la plupart dans les premières années de la guerre qui a éclaté en 1975 entre le Maroc, qui revendique et annexe alors ce territoire, et le Front polisario, mouvement armé luttant pour l’indépendance. Psychologue et médecin, il a acquis, avec son collègue, le Dr Francisco Etxeberria, une solide réputation internationale depuis qu’ils ont travaillé sur les exécutions extrajudiciaires pratiquées au Guatemala, en Colombie, au Chili ou encore en Espagne, en exhumant des centaines de victimes du franquisme. Dans le cas présent, il s’agirait des premiers corps de Sahraouis retrouvés. (2)
Droits la vérité, au deuil et à la justice
« La question des personnes disparues pendant le conflit armé est toujours présente dans la vie des familles, compte tenu de l’incertitude sur leur sort et la blessure permanente ouverte à ce jour, souligne le Dr Carlos Martin Beristain. Il est impératif que des processus de recherche effective soient réalisés et que les restes des morts soient restitués aux familles pour répondre à leurs demandes et respecter leurs droits à la vérité, au deuil et à la justice, selon les normes internationales. »
Le contexte militaire et politique ne rend pas les choses faciles. Le secteur se trouve à quelques kilomètres du mur de défense édifié et toujours gardé par les forces marocaines et qui est truffé de mines anti-personnelles. Mais, il est sous contrôle de la Minurso de l’ONU qui surveille le cessez-le-feu signé en 1991.
Après avoir recueilli le témoignage d’un homme qui avait 13 ou 14 ans à l’époque des faits, puis ceux des familles potentiellement concernées, l’équipe a inspecté le terrain puis identifié deux endroits où pouvaient se trouver des fosses communes. Pas de doute pour le Dr Beristain sur la fiabilité du scénario : « Nous avons trouvé deux fosses qui présentaient toutes les caractéristiques de ce qu’est une fosse commune, comme la disposition des restes humains ou le rapport entre le terrain et la manière dont se présentaient les restes. S’ils avaient été déplacés, on s’en serait rendu compte ».
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