Déficiences intellectuelles d’origine génétique

Une incidence trop longtemps insoupçonnée

Publié le 28/09/2015
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Organisé par l’Institut de Génétique et de Biologie Moléculaire et Cellulaire de Strasbourg (IGBMC), un colloque international fera le point, du 27 au 30 septembre, sur les travaux menés dans ces domaines. Comme l’explique le Pr Jean Louis Mandel, qui y dirige une équipe de recherche en médecine translationnelle et neurogénétique, près de 500 gènes différents sont impliqués dans autant de maladies se traduisant par des retards mentaux, seuls ou avec des comorbidités. Les déficiences modérées à sévères (QI ‹ 50) seraient aux deux tiers, au moins, liées à des facteurs génétiques. Cette constatation remet en cause l’idée selon laquelle la majorité de ces déficiences seraient d’origine « sociale ou éducative ». Elle se double aussi de questionnements éthiques : la prise de conscience de ces réalités va-t-elle aider ou stigmatiser la personne et, en d’autres termes, déboucher sur une prise en charge adaptée ou, au contraire, un renvoi vers des structures spécialisées ? Ces découvertes posent un regard nouveau sur les déficiences intellectuelles de l’enfant, qui concernent jusqu’à 2 % d’une classe d’âge.

Recherche thérapeutique en échec

Aujourd’hui, le conseil génétique semble être la seule perspective qui s’offre aux familles concernées, sachant que l’identification de certaines affections, comme la phénylcétonurie permet désormais aux porteurs, grâce à des mesures diététiques certes lourdes, de mener une vie normale. Les équipes, notamment celles de Strasbourg, œuvrent en matière de recherche diagnostique et de dépistage, mais butent sur le développement de traitements.

L’IGBMC a travaillé sur des souris atteintes de maladies chromosomiques, reproduisant les principales maladies humaines dont le syndrome de l’X fragile, ce qui a débouché ensuite sur des essais cliniques de médicaments avec des enfants. Mais ces essais se sont révélés peu exploitables ou décevants, constate le Pr Mandel, qui s’interroge sur les raisons de cet échec : la souris n’est pas un bon modèle pour ces traitements, ou les essais sont-ils mal adaptés ou mal menés ? Les colloques internationaux, comme celui de Strasbourg où sont attendus 150 chercheurs, nous aident à avancer sur ces questions, poursuit-il, alors même que ces déficiences constituent de vrais sujets de santé publique avec par exemple, rien qu’en France, 8 000 personnes atteintes de déficiences intellectuelles liées à l’X fragile, et 5 000 autres à risque du syndrome neurodégénératif FXTAS. Le laboratoire de diagnostic génétique du CHU de Strasbourg, dirigé par les Prs Jamel Chelly et Jean Louis Mandel est laboratoire de référence en France pour le syndrome de l’X fragile et le développement du séquençage d’ADN à haut débit pour le diagnostic des autres maladies génétiques responsables de retard mental.

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9436