Le message, directement adressé aux candidats à l’élection présidentielle, est très clair. « Il est urgent d’opérer une vraie réforme du système de santé avec, en son cœur, le soin aux personnes âgées », affirment les différentes instances de la gériatrie désireuses de faire entendre leur voix dans la campagne. « Nous ne souhaitons pas rester spectateurs dans le cadre de cette élection. Il est important que la prise en soin des personnes âgées soit l’objet d’un débat à l’occasion de cette échéance cruciale », indique le Pr Claude Jeandel, président du CNP de gériatrie, en insistant sur le caractère collectif de cette démarche portée aussi par la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG) et le Collège national des enseignants en gériatrie (CNEG).
Une période charnière
Cette campagne électorale arrive à un moment particulier. « La crise sanitaire sans précédent que nous avons dû affronter a révélé un certain nombre de vulnérabilités de notre système de santé dans la prise en charge des plus âgés, notamment en Ehpad. Nous devons par ailleurs nous préparer à faire face à une double transition démographique et épidémiologique majeure. D’ici 2030, les sujets de 65 ans et plus représenteront 25 % de la population française, et on prévoit que quatre millions de personnes seront en perte d’autonomie en 2050. Cette évolution intervient alors que, dans le même temps, on constate une prévalence accrue des pathologies chroniques incapacitantes. Il y a donc des enjeux très forts pour notre système de santé », souligne le Pr Jeandel.
Face à cette situation, les gériatres interpellent les candidats sur la réduction du risque de dépendance en l’absence d’une prévention efficace de la perte d’autonomie fonctionnelle. « Comment prendre soin des futurs patients âgés sans mettre en œuvre les mesures qui s’imposent, à l’hôpital et en Ehpad ? Comment rendre prioritaire et assurer une bonne prise en soin d'environ 14 millions de personnes âgées de plus de 65 ans qui vivent à domicile ? », écrivent le CNP, la SFGG et le CNEG, en rappelant que « seules 5 % des personnes âgées vivent en Ehpad ».
Le virage domiciliaire
Certes, la question du grand âge, trop souvent oubliée durant les grandes échéances électorales, s’est brutalement invitée dans l’actualité avec les accusations portées contre le groupe Orpéa. « Cette affaire a eu le mérite de mettre l’accent sur l’urgence de la situation. Mais on ne doit pas se focaliser uniquement sur les Ehpad. Il faut également promouvoir le virage domiciliaire qui concerne la très grande majorité des personnes âgées dépendantes. Il y a une certaine urgence à faire revenir des médecins au domicile. Les médecins traitants ont de plus en plus de difficultés à assurer des visites auprès des patients en perte d’autonomie. Il convient donc de trouver des solutions pour assurer une présence médicale au domicile, la télémédecine ne peut pas répondre à cette situation », estime le Pr Jeandel.
Huit champs d’action prioritaires
Pour faire passer leur message, les gériatres ont articulé leurs préconisations autour de huit champs d’action prioritaires : l’âgisme, la prévention, la reconnaissance de la gériatrie, les aidants, l’attractivité des métiers du grand âge, l’organisation des soins et la précarité, l’isolement et l’illectronisme. Pour chacun de ces sujets, ils formulent un certain nombre de questions : comment changer le regard sur le vieillissement ? Comment intégrer la prévention du bien vieillir dans les politiques publiques et permettre à la population une avancée en âge digne et de qualité ?
Les points soulevés concernent également l’accompagnement et l’isolement des proches aidants, l’attractivité des métiers du grand âge, l’organisation des soins, les actions de prévention secondaire dans différents domaines (iatrogénie, nutrition, chutes, dépression), l’inclusion sociale…
Les gériatres espèrent que les candidats sauront répondre à leurs demandes.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024