« La Haute autorité de santé (HAS) présente la contention comme un des dilemmes des soins, explique le Dr Sabiha Ahmine, médecin gériatre et responsable du Comité de pilotage transversal réduction contention à l’Institut du vieillissement de Lyon. Chez le sujet âgé, la contention dans sa forme physique passive vise à le sécuriser et à contenir son agitation ou à limiter la déambulation et les risques de chute. Néanmoins, sa nécessité est un sujet de débat théorique, académique et déontologique qui se poursuit de nos jours ».
Dans la pratique, la contention est strictement encadrée par la loi de 2016 et les recommandations de l’HAS depuis 2000. « Ces textes visent non seulement à limiter les risques induits, mais surtout incitent à réduire la contention dans une démarche qualité opérationnelle comme celle, depuis 2012, de notre Copil transversal, souligne le Dr Ahmine. Même dans le cas où elle devient nécessaire, la mise en place de la contention est exceptionnelle. Elle obéit à un processus décisionnel clair, transparent et surtout pluridisciplinaire exigeant la mise en place de la balance risque/bénéfice, une étude d’impact, l’information du patient et sa famille, la surveillance, la traçabilité, l’évaluation, les alternatives et des audits réguliers. »
Chaque année, le Comité de pilotage transversal réduction contention organise une journée d’ateliers ludiques et pratiques pour rappeler tout cela aux professionnels de santé. En octobre 2018, « près de 300 professionnels de santé de plusieurs sites gériatriques de l’Institut du vieillissement y ont participé. Parmi eux, il y avait beaucoup d’aides-soignantes (36 %), des médecins (13 %), des infirmiers diplômés d’État (16 %), des rééducateurs, des cadres de santé, des psychologues ou encore des étudiants », énumère le Dr Ahmine.
Le premier atelier consistait en un quiz de dix questions sur la contention, afin d’évaluer les connaissances des participants. « Nous demandions par exemple si la décision de contention est prise en équipe pluridisciplinaire (vrai) ou si la prescription est faite par l’équipe pluridisciplinaire (faux, elle est faite par le médecin). 88 % des participants ont répondu correctement pour la décision de la contention, note le Dr Ahmine. Nous distribuions les quiz, nous laissions les professionnels les remplir, puis nous les analysions et en discutions ensemble. Le partage des réponses était l’occasion d’ouvrir un débat. »
Le second atelier était plus pratico-pratique. « Il s’agissait de jeux de rôle où les participants se mettaient sur un fauteuil roulant ou sur un lit, le matériel leur était expliqué puis la contention était testée sur eux-mêmes. C’était l’occasion pour eux de découvrir ce que peut ressentir un patient dans cette situation ». Enfin, le troisième atelier était un film réalisé par les soignants eux-mêmes, retraçant toutes les étapes d’utilisation d’un matériel : comment le placer, la réflexion à avoir, etc.
Un questionnaire de satisfaction permettait aux participants de faire part de leurs souhaits d’ateliers pour les années suivantes. « Ils sont nombreux à demander des thématiques comme la bientraitance ou la prévention des chutes, car c’est la première cause de contention », remarque le Dr Ahmine. Pour elle, les besoins en formation du personnel soignant sont très importants. « Et la formation est la clé pour réduire la contention », estime-t-elle. D’autres formations sur la contention seront donc programmées dès l’an prochain et elle travaille à la mise en place d’alternative à cette méthode et d’un programme de DPC sur le sujet.
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