Plus qu’un simple acte technique, l'examen gynécologique exige un haut niveau de compétences relationnelles. L'examen gynécologique est redouté par la plupart des femmes, qui le vivent comme un moment de vulnérabilité, de honte, voire subissent à cette occasion des résurgences de souvenirs d’agressions sexuelles. L’American College of physicians s’est d’ailleurs positionné contre sa réalisation en dépistage chez la patiente asymptomatique non enceinte.
Outre les frottis cervico-utérins (recommandés tous les trois ans après deux frottis normaux à un an d’intervalle chez les femmes de 25 à 65 ans ayant une activité sexuelle), il est cependant utile pour orienter une plainte qu’elle soit d’ordre uro —, gynéco — ou sexologique.
Afin de permettre à la patiente de mieux vivre cet acte, la première chose à faire est d’expliciter le but de l’examen. « Tout est écrit dans la loi HPST pour respecter le consentement éclairé », insiste la Dr Michèle Bonal, gynécologue sexologue à Toulouse, rappelant que l’examen pelvien s’inscrit dans l’ensemble de la consultation médicale : motif, recueil des symptômes, interrogatoire, examen général, abdominal. On ne rentre pas directement dans le « vif du sujet ».
Rituels de consultation
Mettre en place une routine dès l’accueil permettra à la patiente de savoir ce qui l'attend, d’une consultation à l’autre : Laurence Guyard, sociologue à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux, parle de « rituels de consultation » et a montré que ceux-ci s’avéraient très sécurisants. Le déshabillage se fera dans un lieu dédié si possible mais d’autres stratégies de distanciation existent, telles que le temps de lavage de mains, le port d’une blouse, etc.
La position gynécologique a été décriée, et d’autres positions devraient pouvoir être envisagées selon le souhait de la patiente. La Dr Bonal recommande une posture dans laquelle la patiente garde la maîtrise : semi-assise, les pieds en appui. Commencer par examiner l’abdomen lui permet de se détendre et se recentrer. « Tout au long de l’examen, il faut maintenir un climat de confiance, cela commence par garder le contact visuel et parler, rassurer sur la normalité de l’examen sans attendre d’en avoir fini, souligne-t-elle. Et évidemment mais il faut le préciser, proscrire toute allusion sexuelle à ce moment-là ! »
L’examen ne devrait pas être douloureux. « Il existe des speculums jetables – moins froids – de toutes tailles, qu’on introduira sans tirer vers le haut. Le lubrifiant est de règle, y compris pour le frottis, ce contrairement à l’idée reçue : on peut en mettre sur les parties extérieures de la valve sans perturber l’analyse ! Pour le toucher bimanuel, inutile d’appuyer fort si la patiente est détendue, l’utérus vient se déposer lui-même dans la main », détaille la Dr Bonal soulignant qu’une femme qui a eu mal risque de ne plus revenir consulter.
Accompagner les difficultés
La qualité de la relation soignant-soigné doit permettre d’avancer même dans les cas les plus difficiles. « Les femmes atteintes de vaginisme viennent consulter tardivement, après 37 ans, quand elles ont un désir d’enfant, explique la Dr Bonal. Il y a alors contradiction entre leur demande d’examen, relativement urgente pour prendre d’éventuelles décisions de PMA, et le temps nécessaire face la phobie. » Tout en les accompagnant de techniques de relaxation, on proposera d’abord à ces femmes de fermer leur vagin, puis de l’ouvrir, leur permettant de réacquérir un contrôle sur elles-mêmes. Ensuite, elles pourront réaliser un auto-examen de la vulve et du vestibule, devant une glace, puis des automassages de détente du périnée. Ce n’est qu’après qu’on pourra accéder à l’examen proprement dit.
5e Journées AIUS Sexogyn, 21 septembre, Aix-en-Provence
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024