En 2017, le procès des implants vaginaux cisaillant, responsables de complications graves chez certaines femmes, a conduit à la réévaluation de tous les implants vaginaux. « Mais cette réévaluation s’est faite uniquement sur la base de ces complications et sur l’aspect technique, sans prendre en compte les répercussions qu’engendrerait leur interdiction globale. Nous opérons entre 40 000 et 45 000 prolapsus par an en France, un peu moins de la moitié par voie basse. Sans ces implants vaginaux, désormais interdits sans distinction aucune, bon nombre de femmes risquent de se retrouver sans solution, ou avec une solution encore plus mutilante, telle que le cloisonnement vaginal, qui empêche les rapports vaginaux ! », s’indigne le Pr Michel Cosson, chef de pôle adjoint en responsabilité de la clinique de gynécologie (CHU Lille).
Face à des récidives de prolapsus, reste, pour l’instant (lire l’encadré) la possibilité de poser une prothèse en première intention via cœlioscopie « mais cette solution n’est pas toujours envisageable, notamment chez des patientes très âgées ou fragiles », souligne le spécialiste. On revient alors à l’option de la chirurgie par voie basse, sans pose de prothèse vaginale, mais cette technique est plus risquée et comporte des taux de récidive plus élevés − raison pour laquelle elle avait été remplacée autrefois par les prothèses. Ce retour en arrière pose aussi la difficulté de la formation des jeunes chirurgiens, qui maîtrisent moins bien la chirurgie classique. « Conséquence : si une patiente nous arrive avec des contre-indications pour une chirurgie par voie haute, des récidives après intervention par voie basse et un prolapsus très gênant, il n’y a pas d’autre choix que de lui proposer de fermer le vagin, déplore le Pr Cosson. Cette solution, autrefois réservée à des patientes extrêmement fragiles, arrive donc en technique de recours plus fréquente, ce qui n’est satisfaisant pour personne. » Au total, 1 000 à 150 femmes par an enchaînant les prolapsus resteraient ainsi sans solution adaptée de dernier recours.
« Bien sûr, on ne décède pas d’un prolapsus, même volumineux, mais ne pas pouvoir proposer de solution pérenne à des femmes souvent encore très actives est aussi un problème de santé publique, qui aurait mérité davantage d’attention : au minimum, que les sociétés savantes puissent défendre leur point de vue », souligne le Pr Cosson. Si ces prothèses sont également interdites en Angleterre et aux États-Unis, elles restent autorisées en Allemagne, en Espagne et dans d’autres pays européens. En théorie, il reste bien la possibilité d’utiliser en France ces prothèses vaginales en recherche clinique, mais les laboratoires sont désormais très réticents à investir, pour ne vendre qu’au compte-gouttes.
Entretien avec le Pr Michel Cosson, chef de pôle adjoint en responsabilité de la clinique de gynécologie (CHU Lille)
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