L’annonce, début 2024, par le président Macron d’un plan contre l’infertilité était attendue mais sa concrétisation tarde et les spécialistes s’impatientent. « Quelques avancées » sont à saluer mais beaucoup reste à faire pour répondre à l’urgence alors que l’infertilité affecte 3,3 millions de personnes en France, expliquait en octobre le Pr Samir Hamamah, président de la Fédération française d’étude de la reproduction et coauteur d’un rapport sur le sujet remis en février 2022.
Les promesses présidentielles, renouvelées en mai dans un entretien à Elle, portaient sur l’instauration d’un « check-up fertilité » (spermogramme, réserve ovarienne…) lors du rendez-vous de prévention des 18-25 ans, l’autorisation pour les centres privés de répondre à une demande d’autoconservation ovocytaire – alors que seuls les établissements publics ou privés non lucratifs peuvent actuellement le faire – et le lancement d’un « grand programme de recherche ».
Un bilan finalement envisagé à partir de 29 ans
Certaines de ces mesures ont été critiquées, notamment le bilan proposé autour de 20 ans. « Cela n'a pas de sens sur le plan médical », affirmait alors la présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), la Dr Joëlle Belaisch-Allart. « On ne décide pas de mesures de santé publique sans qu’elles ne soient validées scientifiquement, en fonction de critères précis, internationalement reconnus. Il faut évaluer les bénéfices attendus et les risques encourus, notamment psychologiques et éthiques », jugeait l’ancienne ministre de la santé, la Pr Agnès Buzyn, dans un entretien au Figaro à la mi-mai. Le dossier est désormais entre les mains de la Haute Autorité de santé (HAS), qui planche sur l’instauration d’une consultation longue de 45 minutes à partir de 29 ans (et non de 20 ans) et la création d’une consultation préconceptionnelle.
Sur l’ouverture de l’autoconservation ovocytaire aux centres privés, l’ancienne ministre se montre également sévère : « L’éthique à la française repose sur des principes fondamentaux dont la non-marchandisation du corps (…). Certains voient dans la congélation d’ovocytes un marché lucratif », dénonce-t-elle. Et de craindre que les femmes ne soient incitées à ces pratiques invasives pour des raisons mercantiles. « Si les Cecos [centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme, NDLR] doivent être renforcés pour faire face à la demande, mettons plutôt de l’argent dans le secteur public. »
Côté recherche, le Pr Hamamah salue les « 30 millions d’euros mis sur la table par le gouvernement pour soutenir la recherche et l’innovation ». Grâce à cette dotation, deux consortiums sont en cours de création, avec un programme sur cinq ans. D’autres mesures tirées du rapport sont en revanche au point mort. C’est le cas de la proposition de création d’une structure nationale sur la fertilité et la natalité, à l’instar de l’Institut national du cancer (Inca).
Dernière mesure annoncée par Emmanuel Macron, le lancement d’une mission d’information parlementaire sur la prise en charge de la ménopause est effectif depuis l’automne. Elle a été confiée à la députée Stéphanie Rist et à la Pr Florence Trémollières (CHU de Toulouse). La HAS est également mobilisée pour définir une pratique et des référentiels sur les traitements hormonaux.
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