Congrès de l’ASH

Vers un bouleversement des stratégies avec les CAR T cells de nouvelle génération

Par
Publié le 17/12/2019

Le 61e congrès de l’American Society of Hematology (ASH) a fait la part belle aux futurs développements des CAR-T cells. Les prochaines générations cibleront d'autres molécules, avec différents types cellulaires. Certaines équipes commencent même à explorer la piste des cellules allogéniques.

Crédit photo : Phanie

Quels pourraient être les contours des prochaines générations des traitements du cancer par cellules immunitaires modifiées ? Des résultats présentés lors du congrès de la Société américaine d'hématologie (ASH), qui s'est tenu à Orlando du 5 au 10 décembre, laissent entrevoir de nouvelles cibles, de nouveaux types cellulaires modifiés, voire des CAR-T cells allogéniques.

Les bispécifiques

Les CAR-T cells disposant d'une AMM (Yescarta de GIlead/Kite et Kimriah de Novartis) ciblent exclusivement CD-19. Or, les deux raisons évoquées pour expliquer la perte d'efficacité chez les patients qui ne répondent plus au traitement sont la disparition des CD-19 de la surface des cellules cancéreuses et la suractivation de la voie PD-1/PDL-1. Les investigateurs de l'essai Alexander ont donc expérimenté des CAR-T cells bispécifiques, intégrant un récepteur antigénique chimérique capable de reconnaître à la fois CD-19 et CD-22. Ils l'ont en outre associé à un anti-PD1.

Les données étaient disponibles pour les 11 premiers patients de l'étude. Quelle que soit la dose employée, les chercheurs ont observé un taux de réponse objective de plus de 50 % et un profil de sécurité très encourageant.

Une autre approche présentée lors du congrès consiste à cibler à la fois BCMA (protéine fortement exprimée par les cellules myélomateuses) et CD-38. Mises au point par Ceyllyan Therapeutics avec un financement public chinois, ces nouvelles CAR-T cells sont destinées aux 10 % de patients de très mauvais pronostic souffrant de myélome multiple avec des lésions secondaires extramédullaires. 90,9 % des 22 patients de l'étude ont répondu au traitement après une durée de suivie médiane de 36 semaines, dont plus de la moitié de réponse complète. Sur les 9 patients ayant des tumeurs extramédullaires, plus aucune lésion n'était visible.

Greffes allogéniques

L'une des limites des CAR-T cells actuelles est leur obtention, réalisée à partir de lymphocytes T autologues. Cela suggère un long délai entre l'aphérèse, la transformation des cellules du patient et leur réinjection. Le Dr Bahram Valamehr, du laboratoire Fate Therapeutics, a présenté les résultats in vivo et in vitro de lymphocytes NK allogéniques modifiées pour cibler les CD-19. Ces cellules étaient également modifiées pour exprimer CD-16 (afin d'améliorer le potentiel cytotoxique des NK) et l'interleukine 15 (pour augmenter leur prolifération et leur persistance). Le gros intérêt de ces CAR NK est leur production en série, à partir de cellules pluripotentes induites.

« Des traitements directement disponibles en pharmacie hospitalière sont très attrayants à cause de la durabilité des cellules IPS, réagit le Dr Gary Schiller, de l'université de Californie à Los Angeles. D'un point de vue clinique, je pense que l'accessibilité passe avant la tolérabilité, surtout face à des patients qui doivent être traités le plus vite possible. La balance entre disponibilité et tolérabilité doit être discutée entre patients et médecins. C'est une question compliquée ».

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr