En complément des enquêtes régulières menées sur des aspects particuliers, la Société française de radiologie (SFR) et la Société française de médecine d’urgence ont souhaité expliciter les conditions d’accès aux examens d’imagerie pour les patients reçus aux urgences, par l’intermédiaire d’une enquête nationale menée cet été dans la France entière auprès de médecins responsables de services des deux spécialités.
La radiologie standard toujours en pôle
Les résultats montrent tout d’abord que 40 % des consultations donnent lieu à une imagerie : dans 71 % des cas, il s’agit d’une radiographie standard, dans 23 % d’un scanner, dans 10 % d’une échographie et dans 4 % d’une IRM. Le premier constat est que la radiographie standard, bien qu’étant la technologie la plus ancienne, reste l’examen le plus utilisé, surtout en traumatologie. L’ensemble des urgentistes et des radiologues en sont satisfaits, notamment en ce qui concerne leurs indications, leur réalisation et leur disponibilité, avec des délais de moins de 3 heures pour 97 % des patients.
En revanche, se pose toujours le problème de leur interprétation en temps réel (seulement 18 % des clichés) pour des raisons évidentes d’organisation. Pour le professeur Jean-Yves Gauvrit, responsable de l’unité d’imagerie neurofaciale du CHU de Rennes, le principe d’une « centralisation de la lecture des radios, à l’image de ce qui est réalisé au Canada, pourrait être une solution envisageable grâce à l’utilisation du numérique ».
Insuffisance persistante d’appareils d’IRM
Deuxième derrière la radiographie, le scanner représente aujourd’hui 23 % des actes d’imagerie réalisés en urgence. Une belle progression pour ce qui constituait, il y a quelques années encore, une technique de pointe réservée à certaines pathologies graves. Pour autant, le Pr Dominique Pateron, chef de service des urgences de l’hôpital Saint Antoine à Paris, observe que « la mise à disposition d’un scanner dédié aux urgences et aux services des urgences en particulier est relativement peu développée dans notre pays ». De fait, la plupart des examens de tomodensitométrie (82 %) se font au sein du service de radiologie centrale. De surcroît, le scanner peut être utilisé pour des actes de radiologie interventionnelle ou de drainage qui « immobilisent » l’appareil pendant des durées plus longues que les examens.
Un accès 24h/24
Même si, à l’instar du Pr Gauvrit, on peut « se féliciter de l’augmentation du nombre de patients présentant un AVC qui ont une IRM : 22 % en 2014, alors qu’en 2008-2009 ce pourcentage ne dépassait pas 2 % », on peut également « déplorer que si 9 praticiens sur 10 ont accès à une IRM, celui-ci soit limité aux heures ouvrables dans la moitié des cas ». Le Pr Pateron rappelle à cet effet qu’il « existe une forte attente de la part des urgentistes pour réduire ces délais car, s’il est indiqué, l’examen IRM doit pouvoir être fait 24 h/24 ».
Sur ce point, il convient cependant de distinguer plusieurs situations. La mise en place des « stroke centers » permet aux patients atteints d’un AVC constitué de bénéficier dans la majorité des cas d’une imagerie dans les délais recommandés, c’est-à-dire moins de 4h30. Si l’IRM est dans ces cas l’examen de choix, le scanner permet de poser l’indication et l’absence d’IRM ne fait pas perdre de chance. Mais, comme l’explique le Pr Gauvrit, « la situation n’est pas acceptable pour les patients qui ont un accident ischémique transitoire et qui devraient avoir une IRM dans les 6 heures », le scanner ne permettant pas de faire le diagnostic étiologique nécessaire.
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