Le niveau de protection du vaccin annuel contre la souche grippale H3N2 serait de 42 %, selon les résultats préliminaires de travaux canadiens publiés dans la revue « Eurosurveillance ». Le Dr Danuta Skowronski, du centre de contrôle des maladies de Colombie britannique, et ses collègues tirent ces premières conclusions des échantillons qui leur ont été adressés par les médecins membres du réseau de surveillance CSPSN (Canadian Sentinel Practitioner Surveillance Network).
Suivant les recommandations de l'OMS, le vaccin de cette année a été produit à partir des virus inactivés suivant : le virus de type A/California/7/2009 (H1N1) pdm09-like, l virus de type A/Hong Kong/4801/2014 (H3N2)-like et le virus de type B/Brisbane/60/2008-like virus. La souche dominante de virus circulante cet hiver est le virus de type A H3N2, et les auteurs ont souhaité savoir si la protection procurée par le A/Hong Kong/4801/2014 (H3N2)-like appartenant au clade 3C.2a, était suffisante.
Le travail mené par les chercheurs canadiens est une étude cas-contrôle réalisée à partir des prélevement rhinopharyngés expédiés, suite à une suspicion de grippe, au centre de référence de Colombie britannique. Les échantillons positifs pour la présence de virus Influenza constituaient les cas, tandis que les échantillons négatifs constituaient les contrôles. Les patients n'étaient considérés comme vaccinés que s'ils reportaient avait reçu leur vaccin au moins 2 semaines avant l'apparition des symptômes.
Les auteurs relèvent que 24 % des cas et 30 % des contrôles étaient vaccinés, soit une efficacité vaccinale non ajustée pour 27 %. Après ajustement pour différents cofacteurs, et notamment l'âge, cette efficacité vaccinale est de 47 %.
Émergence de nouveaux variants
La faible protection, observée par les auteurs canadiens, s'expliquerait par l'émergence de variants de la souche H3N2, appartenant au clade 3C. a1. Selon les données collectées par le réseau CSPSN, entre novembre 2016 et janvier 2017, près de 98 % des virus retrouvés étaient des virus de type A(H3N2), et 77 % de ces virus H3N2 étaient des variants appartenant au clade 3C. a1, avec des variations cependant (de 45 % au Québec à 91 % en Alberta). Une analyse génétique plus poussée a montré que le clade 3C. a1 se caractérise par une mutation au niveau du gène codant pour la neuraminidase, une enzyme présente à la surface du virus.
Pour autant, « on ne voit pas de variation antigénique identifiable entre les virus du clade 3C.2a1, qui sont très fréquents en France, et les souches prototypes du clade 3C.2a employé dans le vaccin », précise au « Quotidien » le Pr Bruno Lina, responsable du laboratoire Virpath de l'université de Lyon et du centre national de référence des influenza. « Il ne s'agit que de différences génétiques pour l'instant », poursuit-il.
Des valeurs « nettement supérieures à celles 2014-2015 »
À la lecture des résultats canadiens, le Pr Bruno Lina, explique que le protocole « test-negative design » employé de cette étude, « peut être critiqué car tirant les chiffres vers le bas, mais les effectifs sont suffisants pour donner une tendance. » En France, les résultats du réseau sentinelle en France sont basés sur une autre méthode dite de « serfling » qui est « elle aussi critiquable car tirant les valeurs vers le haut, mais qui sont en cohérence avec les résultats canadiens sur le fait que l'efficacité vaccinale pour les H3N2 est toujours suboptimale, même si les valeurs obtenues sont celles qui sont plutôt sur le haut de la fourchette. » Le Pr Lina ajoute par ailleurs que « ces valeurs sont nettement supérieures à celles de l'hiver 2014-2015 » estimées à18 % selon les CDC américains et de 29,7 % en Europe selon l'ECDC.
Dans l'étude l'âge médian est de 53 ans chez les patients vaccinés, et de 35 ans chez les contrôles non vaccinés. « Cette différence fait partie des éléments qui tirent un peu les résultats vers le bas, constate le Pr Lina, et c'est un des problèmes de l'appariement parfois imparfait pour conduire les études en utilisant le test-negative design. »
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