Alors que les études sur le Covid-19 se sont d’abord concentrées sur les patients hospitalisés ou atteints de forme grave, une première étude française s’est attachée à documenter les caractéristiques cliniques et les évolutions des patients initialement atteints de forme légère à modérée, à partir des données de patients ambulatoires suivis à l’aide du dispositif Covidom.
Mis en place dès mars 2020 par l’AP-HP, ce dispositif a permis de suivre plus de 100 000 patients depuis le début de l’épidémie, « le plus grand programme de télésurveillance déployé dans le monde dans le cadre du Covid-19 », selon un communiqué conjoint de l’AP-HP et de l’Inserm. Dans leur étude publiée dans « Clinical Microbiology and Infection », les chercheurs de l’AP-HP, de Sorbonne Université et de l’Inserm (Institut Pierre-Louis d'épidémiologie et de santé publique) ont analysé les données de 43 103 patients inclus dans le dispositif de mars à août 2020 par 3 800 médecins.
Des facteurs associés à l'aggravation clinique similaires à ceux des patients hospitalisés
Parmi ces patients, l’âge moyen était de 42,9 ans (93 % étaient âgés de moins de 65 ans) et près de 62 % étaient des femmes. Une majorité de ces patients (67,5 %) a rempli un questionnaire médical sur les comorbidités et les symptômes. Parmi ces patients, l'IMC médian était de 24,8 kg/m2, avec 30,2 % des patients en surpoids et 18,3 % obèses. La consommation de tabac a été signalée chez 17,7 % des patients.
Les principales comorbidités rapportées étaient l'asthme (12,8 %), l'hypertension (12,3 %) et le diabète (4,8 %). Une majorité (71 %) a été suivie pendant au moins 29 jours. Les symptômes du Covid-19 les plus courants étaient la fatigue (85,9 %), la toux (61,9 %), les frissons (54,0 %), la myalgie (54,0 %), l'essoufflement (49,3 %) et la fièvre (48,5 %). Près d'un tiers des patients a signalé une anosmie (31,3 %) ou une agueusie (31,5 %).
Alors que les premières données estimaient que 10 % à 15 % des patients avec des formes initiales du Covid légères à modérées souffriraient d'une maladie plus grave, « l'aggravation clinique était rare dans cette grande cohorte de patients ambulatoires », soulignent les auteurs, relevant 4 % d’hospitalisation et 0,1 % de décès un mois après l'apparition des symptômes.
Plusieurs facteurs indépendants ont pu être associés à l'aggravation clinique : le sexe masculin (OR de 2,08), un âge de plus de 65 ans (OR de 4,05) et la présence de comorbidités telles que l'insuffisance rénale chronique (OR de 2,59), le cancer sous traitement (OR de 2,11) ou l'obésité (OR de 1,57).
Température, essoufflement, anorexie
« La température, l'essoufflement et l'anorexie étaient associés à une aggravation, mais les patients semblaient moins enclins à s'aggraver s'ils présentaient une anosmie ou une agueusie (OR 0,69) », observent les auteurs. Enfin, la consommation de tabac « semble associée à un risque plus faible d'aggravation (OR 0,68) », est-il noté.
Ces résultats, espèrent les auteurs, pourront permettre d’identifier rapidement les patients à risque d'aggravation « pour adapter la surveillance et proposer une prise en charge clinique rapide dès l'apparition des premiers signes d'aggravation », insistent-ils, soulignant le besoin de recherches supplémentaires « pour confirmer cette évaluation car il peut être considéré que cette cohorte a inclus des patients plus jeunes et en meilleure santé que dans la population générale ».
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