À partir de quel niveau de protection vaccinale la société française pourra-t-elle lever les mesures de restriction ? Selon le dernier travail de modélisation mis en ligne le 6 avril par l’équipe dirigée par Simon Cauchemez à l’Institut Pasteur, il faudrait atteindre 59 % de la population vaccinée pour que la pression sur les systèmes de santé soit suffisamment faible, avec moins de 1 000 nouvelles hospitalisations par jour, pour alléger le protocole sanitaire.
Dans ce travail, les chercheurs ont voulu au départ évaluer l’impact de vaccins avec trois profils différents : un vaccin réduisant la sévérité de 90 % sans impact sur le risque de transmission (infectivité) ni sur le risque d’infection (susceptibilité), un vaccin réduisant la sévérité de 90 % et l’infectivité de 30 %, un vaccin réduisant la sévérité de 90 % et la susceptibilité de 80 %. C’est ce dernier scénario que les chercheurs ont finalement privilégié compte tenu des données récemment publiées.
Dans le scénario d’un vaccin réduisant uniquement la sévérité, seule une priorisation des personnes les plus à risque est à même de réduire fortement la morbi-mortalité. Et lorsque les vaccins ont un effet sur la susceptibilité ou la transmission, une campagne vaccinale sans priorisation devient intéressante : l’immunisation des plus jeunes freine la circulation virale et ainsi contribue indirectement à protéger les plus vulnérables.
Pour une couverture vaccinale donnée, les chercheurs de Pasteur ont estimé la réduction du taux de transmission en population générale nécessaire pour que le nombre d’hospitalisations Covid-19 ne dépasse pas 1 000 admissions journalières, soit moins du tiers de ce qui est observé depuis fin mars 2021.
La crainte des nouveaux variants
Pour le profil de vaccin retenu et un taux de reproduction effectif du virus égal à 3, c’est-à-dire celui qui a été estimé durant le printemps 2020, la vaccination de 90 % des plus de 65 ans et de 70 % des 18-64 ans permettrait de relâcher les mesures de contrôle. Cela représente 59 % de la population, en prenant en compte les enfants non vaccinés.
Les auteurs émettent cependant une réserve : « l’émergence de variants plus transmissibles, comme le variant B.1.1.7 désormais majoritaire en France métropolitaine fait craindre une augmentation du R0 ». Ainsi, si le R0 est de 4, alors un taux de vaccination de 90 % chez les plus de 65 ans et de 70 % chez les 18 à 64 ans ne permettrait pas un relâchement total des mesures de contrôle. Des restrictions devraient être partiellement maintenues jusqu’à ce plus de 90 % des adultes soient vaccinés. Selon la Direction générale de la santé, à la date du 5 avril, 14 % de la population totale ont reçu au moins une dose de vaccin et 4,7 % un schéma vaccinal complet.
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