Le Pr Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille, s'est montré très critique envers la gestion des tests de dépistage et le Conseil scientifique Covid-19 lors de son audition à l'Assemblée nationale ce 24 juin dans le cadre de la Commission d'enquête sur la gestion du Covid-19.
Le Pr Raoult a qualifié d'« archaïque » l'organisation liée au déploiement des tests de dépistage. « Je ne suis pas d'accord avec la décision qui a été prise [au début de l'épidémie NDLR] de ne pas généraliser les tests, affirme-t-il. Il y avait les moyens dans ce pays de le faire. Tout le monde sait faire de la PCR ». Pour lui, il était indispensable de réaliser ces tests : « pour comprendre la maladie, il faut en faire le diagnostic », déplorant qu'on lui ait interdit d'en réaliser au début de l'épidémie. Et de dénoncer le système désuet des Centres nationaux de référence et du retard pris par la centralisation des tests.
Conflits d'intérêts
Il a ensuite vivement discrédité le Conseil scientifique, dont il a fait partie un court temps : « J'étais un ovni dans un groupe où tous se connaissaient et avaient déjà une idée très précise de ce qu’il fallait faire. Nous n'arrivions pas à travailler ensemble. » Il estime que ce n'était pas à des scientifiques de se prononcer sur les mesures de confinement. De plus, selon lui, aucun des membres du Conseil ne faisait partie des spécialistes qui connaissent le mieux le nouveau coronavirus. Il a également déploré les conflits d'intérêts au sein du Conseil et de la recherche en général.
Sur la question de l'hydroxychloroquine, le député Philippe Berta, généticien de formation, lui a demandé : « Pourquoi n'avez-vous pas fait d'essai clinique digne de ce nom dès le départ ? » Ce à quoi l'infectiologue a répondu : « Mon essai a toutes les bases de la seule manière de faire des essais qui est de faire des essais comparatifs et d'avoir une différence significative. » Avant de rétorquer : « Je suis un grand scientifique, je sais ce qu'est un essai, et il y a une dizaine de traitements que j'ai inventés qui sont dans tous les livres de référence médicaux, et celui-là y sera aussi. » Un peu plus tôt, il affirmait que les essais thérapeutiques en maladies infectieuses représentaient un intérêt modeste, appelant à s'intéresser à la charge virale.
« Je suis un bon observateur mais je ne suis pas un prophète »
Le Pr Raoult est également revenu sur la publication de « The Lancet » sur l'hydroxychloroquine, désormais retirée, estimant que toute personne de son niveau était capable d'y voir les erreurs. Il évoque aussi une étude du « New England Journal of Medicine » menée par la même équipe, qui a rapporté l'ethnicité de tous les patients, y compris de ceux provenant d'hôpitaux français. « Or l'ethnicité n'est pas autorisée par la loi en France. Nous savions que ces gens étaient des menteurs », souligne-t-il.
Au sujet de la polémique autour de la chloroquine et l'hydroxychloroquine, « cela a pris une ampleur extraordinaire, qui s'est associée à des mouvements économiques que je n'avais jamais vus », dit-il, faisant référence explicitement à certains détracteurs de l'hydroxychloroquine, qu'il accuse d'être liés au laboratoire Gilead, le fabricant du remdesivir testé dans le Covid.
Il a aussi ajouté qu'il était du devoir des médecins de soigner les patients : « c'est leur responsabilité de faire pour le mieux », regrettant que des décisions politiques puissent prendre le dessus.
Sur la suite de l'épidémie, le Pr Raoult est resté prudent : « Je suis un bon observateur mais je ne suis pas un prophète. Je ne prophétise pas ce qu'il va se passer, je n'en sais rien », soulignant la complexité des maladies infectieuses.
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