Le NBOe, nouveau produit de synthèse, présenté comme une alternative au LSD, a fait une première victime en France, une Britannique de passage dans la capitale.
« Les NBOMe sont des agonistes partiels des récepteurs sérotoninergiques 5-HT2A. Comparativement à leurs analogues, les produits appelés 2C, ils ont une meilleure sélectivité, une plus grande affinité et donc une puissance supérieure pour ces récepteurs. À quelques exceptions près, ces composés sont donc actifs à de faibles doses (en dessous du milligramme) », explique le Dr Maude Marillier, pharmacienne au Centre d’évaluation et d’information sur la Pharmacodépendance (CEIP) de l’hôpital Fernand Widal à Paris. Concernant les effets recherchés par les consommateurs, le Dr Laurent Karila, psychiatre addictologue à l’hôpital Paul Brousse, évoque un « effet classique psychostimulant auquel se rajoute selon les cas des effets psychédéliques, dit LSD-like, pouvant donner lieu notamment à des hallucinations colorées ». Le Dr Marillier détaille : « Le caractère plus ou moins hallucinogène des NBOMe, est lié à la diversité des molécules et de leur structure chimique. »
Certains forums d’utilisateurs rapportent un usage de cette molécule depuis 2010, vendue principalement en ligne, et qui peut être aussi bien sniffée que fumée, se présentant sous des formes solides ou liquides. Mais le Dr Karila tempère : « Les nouveaux produits de synthèse ont maintenant un double marché, sur internet avec des consommateurs souvent habitués à ces modalités d’achat et ce type de molécules, mais aussi de plus en plus avec le deal de rue. »
Un produit illicite et un risque mortel pour les consommateurs
Le Dr Marillier rappelle que « même si le 25C-NBOMe a été vendu un temps comme LSD légal, la famille des NBOMe est classée dans les stupéfiants depuis un arrêté du 6 novembre 2015 ». La spécialiste évoque quelques cas graves relatifs aux NBOMe, rapportés au réseau français d’addictovigilance depuis 2013 et « de nombreux cas de décès rapportés par la littérature scientifique internationale ». Pour la France, l’étude DRAMES (Décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances) rapportait un décès en 2013, par le 25C-NBOMe, mais non lié aux effets pharmacologiques du produit.
Les cas d'intoxications aux nouveaux produits de synthèse sont, selon le Pr Bruno Megarbane, chef de service de la réanimation médicale et toxicologique de l’hôpital Lariboisière, de plus en plus nombreux, avec « en premier lieu les cathinones et les cannabinoïdes, mais aussi les NBOMe ». Les complications sont souvent communes à l’ensemble de ces nouveaux : « agitation, poussée d’hypertension, encéphalopathie, hyperthermie maligne, et dans certains cas des défaillances d’organes ou des CIVD », précise le Pr Megarbane. Ces complications « dépendent bien sûr de la variabilité individuelle de chacun, et de l’effet dose de ces produits », ajoute-t-il. Le Pr Megarbane tire la sonnette d’alarme quant au profil des consommateurs, « jeunes, socialement insérés, qui consomment les substances dans un contexte festif et manquent souvent d’information ».
Recueil de données
Face à l’augmentation de ces consommations et afin de mieux faire connaitre les effets de ces produits par rapport aux produits plus « traditionnels », le CEIP a adapté le modèle du Drugs Wheel en intégrant les NBOMe dès 2015. La mise en place de systèmes de recueil de données toxicologiques lors des décès par l’ANSM (études DRAMES), ainsi que les études TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) de l’OFDT permettent également de mieux comprendre la nature et l’usage de ces produits émergents et peuvent guider les politiques de prévention et de réduction des risques, en partenariat avec les associations d’usagers.
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