En 2003 était créé le DNDi « dans un contexte de panne de recherche et de développement pour les maladies négligées dans des pays aux faibles ressources », exprime le Dr Bernard Pécoul. Un élément important du modèle de fonctionnement est le partenariat privé-publique, avec les industriels, des ONG, des Académies et des donateurs, engagés dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments en faveur de maladies tropicales oubliées. Au niveau français, on compte de nombreux acteurs, notamment l’Institut Pasteur, Sanofi, MSF, l’État (MAEE et AFD), l’UNITAID.
L’apport médical de ces partenariats a abouti à deux formes d’action.
Une des actions a consisté à adapter des produits déjà existants aux maladies négligées, avec l’enjeu de simplifier les prises et diminuer le nombre des comprimés. Six nouveaux traitements ont ainsi été proposés aux patients. Pour traiter la crise de paludisme, deux coformulations, données à raison d’une prise par jour pendant 3 jours, ont été développées et sont aujourd’hui recommandées, explique B. Pécoul. L’ASAQ (combinaison fixe d’artésunate et d’amiodaquine), lancée en partenariat avec Sanofi en 2007, a déjà été donné pour plus de 250 millions de traitements, dans plus de 30 pays d’Afrique. Des traitements sont également distribués en Asie et en Amérique Latine. L’autre coformulation est l’artésunate et la méfloquine.
Contre la maladie du sommeil (trypanosomiase africaine) qui sévit en Afrique Centrale, le DNDi a développé une combinaison d’eflornithine et nifurtimox. Les statistiques montrent qu’en 2012, 96 % des cas ont pu être traités.
« Il faut se souvenir que sans traitement, la maladie est létale à 100 % », précise le spécialiste.
Ensuite, dans la leishmaniose viscérale, deux traitements ont été développés. Pour l’Afrique de l’Est, une combinaison de sels d’antimoine et de paromomycine, approuvé par l’OMS et les différents pays (Soudan, Ouganda, Éthiopie, Kenya), et utilisés à grande échelle dans cette région. Une étude de pharmacovigilance sur 3 000 patients montre une tolérance acceptable, pour cette pathologie-là encore très grave.
« Les présentations de la leishmaniose viscérale sont différentes selon les régions (Afrique, Asie, Amérique Latine), et deux autres combinaisons différentes ont été développées par DNDi (ambisome + miltéfosine, miltéfosine + paromomycine). Les traitements sont en phase de mise en œuvre, avec des stratégies de développement clinique spécifiques, gérées par 3 régies. »
Pour le traitement de la maladie de Chagas chez l’enfant, une formulation pédiatrique de benznidazole, a été mise au point.
12 nouvelles molécules.
Un autre type d’action du DNDi a été d’identifier des molécules nouvelles. « Dans notre portefeuille, 12 nouvelles entités chimiques sont en phase de développement clinique ou chez l’animal. » Avec l’ambition de donner des traitements par voie orale pour des maladies traitées par voie injectable.
Ainsi, dans la maladie du sommeil, deux produits sont au stade d’études cliniques : fexinidazole (phase II/III, développé conjointement avec Sanofi) et oxaborole (phase I). « Le fexinidazole est attractif pour nous, car il fonctionne sur la leishmaniose et la maladie de Chagas. » Il y a d’autres candidats en prise orale pour la leishmaniose. « L’objectif est d’aboutir à une prise en charge simplifiée, pouvant être réalisée dans les villages, avec un test de diagnostic rapide et une délivrance du traitement dans la foulée. Ce qui permettrait le contrôle, voire l’élimination de ces maladies, ce qui est l’enjeu que l’on s’est fixé pour les années à venir. »
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