Les acteurs de la recherche impliqués dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola qui se poursuit en Guinée et au Liberia se réunissent jusqu’à vendredi dans les murs de l’Institut Pasteur de Paris dans le cadre de la conférence internationale « Targeting Ebola », organisée par le Comité pays en développement (COPED) de l’Académie des sciences, afin de faire le point sur les enseignements en matière de gestion de l’épidémie. Pendant deux jours, ces scientifiques venus des quatre coin du monde vont faire le point sur l’épidémiologie, les outils diagnostiques, ainsi que sur les recherches menées sur les traitement et les vaccins dirigés contre le virus Ebola.
« Nous ne sommes pas réunis pour faire un bilan, mais un point d’étape », prévient le Pr Yves Lévy, président-directeur général de l’INSERM qui rappelle que l’épidémie est toujours en cours, et même « entrée dans une phase vicieuse » comme l’explique le Dr Sylvie Briand, directeur du Département Pandémies et épidémies de l’OMS. « Je suis très inquiète des chaînes de transmissions non identifiées en Guinée : des nouvelles vagues de transmissions sont possibles », s’alarme-t-elle.
Un essai sur la combinaison favipiravir-Zmapp
Le Pr Lévy a annoncé que, dans le prolongement de l’essai JIKI toujours en cours sur le favipiravir, une collaboration entre l’INSERM et les NIH américain avait été conclue afin de mener un essai sur une combinaison de favipiravir et de Zmapp, l’anticorps monoclonal mis au point par Mapp biopharmaceutical.
« L’essai devrait débuter dans les prochaines semaines », a-t-il précisé. Une autre étude sur la circulation de la viande de brousse, la principale origine des épidémies d’Ebola observées jusqu’à présent, doit également se mettre en place d’ici la fin de l’année. Elle sera financée l’Institut de Recherche et Développement (IRD).
Un test en 20 minutes, avec 100 % de sensibilité
En ouverture de cette première journée, les chercheurs de l’Institut Pasteur de Dakar ont présenté les premiers résultats d’un test de diagnostic rapide de l’infection Ebola, mis au point grâce à un financement du Wellcome Trust. Ce test se base sur la technique d’amplification recombinase polymérase qui, contrairement à la PCR, permet de démultiplier un brin d’ARN à température constante.
Au cours des tests menés sur 900 échantillons rhino-pharyngés testés en Guinée par les chercheurs de Dakar, dont 120 étaient positifs, on a pu observer une sensibilité et une spécificité de 100 %. « Nous avons également mené un peu moins de 200 tests sur du sérum, complète le Dr Amadou Sall, directeur scientifique de l’Institut Pasteur de Dakar, et nous avons obtenu une sensibilité autour de 91 % et une spécificité de 98 % ».
Le test en lui-même nécessite entre 10 et 15 minutes pour être réalisé. Si le biologiste travaille à partir d’écouvillons naseaux, il doit procéder à une étape préalable d’extraction de l’ARN viral qui peut prendre entre une demi-heure et une heure en fonction de son expérience. « Nous avons surtout travaillé sur les prélèvements rhino-pharyngés suite à une demande du gouvernement Guinéen », explique le Dr Sall.
Les autorités souhaitaient en effet trouver une réponse au dilemme que posent les enterrements des nombreux cas suspects, tiraillées entre des familles qui veulent disposer rapidement des corps et la nécessité de vérifier si le patient décédé était bien infecté par le virus Ebola. Une prise de sang sur un patient décédé suite à une possible infection par le virus Ebola est en effet périlleuse car elle n’est possible qu’en intracardiaque, ce qui expose à un risque de contamination.
Jusqu’à cinq copies par échantillon
Le test peut également être utilisé dans un centre de traitement afin de trier les patients, et est positif à partir de 5 copies par prise d’essai de 20 µL. « Nous avons calculé qu’à partir de 15 copies par échantillon, la sensibilité est de 95 % », complète le Dr Sall.
Il s’agit du premier test rapide autorisé dans un contexte d’urgence Ebola à être ainsi évalué sur le terrain. Le seul autre test de diagnostic rapide autorisé par l’organisation mondiale de la santé (OMS) est le ReEBOV Antigen Rapid Test Kit, mis au point par la firme américaine Corgenix, mais il ne dispose que de données obtenues en laboratoire.
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