La coqueluche, en pleine résurgence en France comme dans nombre d'autres pays, a causé le décès de 14 enfants depuis le début 2024, déjà plus que lors du précédent pic atteint sur toute l'année 2017, selon des données publiées ce 28 juin par Santé publique France (SPF).
Après un DGS-Urgent début juin, SPF rappelle à son tour « l’importance de la vaccination chez la femme enceinte recommandée depuis avril 2022 et qui est la meilleure protection possible pour protéger les nourrissons ». Sans oublier la stratégie de cocooning autour de toute personne vulnérable ni les mises à jour vaccinales dans le reste de la population.
« Depuis le mois de janvier 2024 et jusqu’au 26 juin 2024 (...), un total de 17 décès a été retrouvé : parmi eux, trois adultes de plus de 85 ans (dans deux régions) et 14 enfants de moins de 15 ans (répartis dans sept régions) », a indiqué l'agence sanitaire dans un bilan épidémiologique.
Douze enfants victimes de cette infection respiratoire étaient des nourrissons, âgés d’un à deux mois, un enfant était âgé de 4 ans. Un dernier enfant, âgé d’un mois, « n’avait pas la coqueluche indiquée comme cause de décès en l’état mais avait été hospitalisé pour coqueluche quelques jours avant », lit-on dans le bulletin de SPF.
Après analyse des données de mortalité entre 2015 et 2023, il apparaît que « le nombre de décès provisoire pour l’année 2024 dépasse déjà le total des décès rapportés en 2017 », l’année où le plus grand nombre de décès chez les moins de 15 ans avait été recensé, à savoir dix décès, a précisé l'agence sanitaire.
En France, la circulation de la bactérie à l'origine de la coqueluche, « très importante au cours du premier semestre 2024 et qui s’intensifie ces dernières semaines », a entraîné un nombre de cas sur les six premiers mois de l'année déjà supérieur au total de l'année 2023.
Cela s'est traduit, ces dernières semaines, par « des augmentations importantes » du nombre de passages aux urgences, d’hospitalisations après passage aux urgences, bien supérieures aux dernières années, et d’actes SOS médecins. Entre autres capteurs, le dispositif hospitalier de surveillance (réseau Renacoq) a recensé 80 cas de nourrissons de moins de 12 mois hospitalisés sur les six premiers mois de 2024, près de deux fois plus que sur tout 2023. Et, selon SPF, « l'ampleur du pic et la durée de ce cycle épidémique ne sont pas prévisibles ».
Penser à la vaccination
Pour la vaccination, trois stratégies complémentaires sont recommandées :
– la vaccination obligatoire avec une primovaccination à deux injections à deux mois d'intervalle, c'est-à-dire à l'âge de 2 mois (8 semaines) et 4 mois, suivi d'un rappel à l'âge de 11 mois, et l’administration de rappels itératifs à 6 ans, 11-13 ans et jusqu’à l’âge adulte (25 ans avec possibilité de rattrapage jusqu’à 39 ans) ;
– la vaccination des femmes enceintes, recommandée dès le second trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée, sachant que cette vaccination doit être effectuée à chaque grossesse ;
– en l’absence de vaccination de la mère au cours de la grossesse, la vaccination de la mère en post-partum et des personnes susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson durant ses six premiers mois de vie (stratégie dite du « cocooning »).
La vaccination est également recommandée aux personnes immunodéprimées.
Les personnes à risque de forme grave de coqueluche sont, au-delà des nourrissons non protégés par la vaccination, les personnes souffrant d'une maladie respiratoire chronique (asthme, broncho-pneumopathies chroniques obstructives…).
La vaccination contre la coqueluche est enfin recommandée dans le cadre professionnel pour :
– les professionnels de santé (y compris dans les Ehpad) ;
– les personnes travaillant en contact étroit et répété avec les nourrissons âgés de moins de 6 mois ;
– les étudiants des filières médicales et paramédicales ;
– les professionnels de la petite enfance dont les assistants maternels
En France, les précédents pics épidémiques ont été constatés en 1997, 2000, 2005, 2009, 2012-2013 et 2017-2018. Sur le continent européen, 19 décès de la coqueluche, dont 11 de nourrissons, ont été recensés sur les trois premiers mois de 2024, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Ce décompte n’incluait pas les décès français.
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